14 mars 2014 - Assemblée générale - Syrie - Intervention de M. Philippe Bertoux, conseiller politique de la Représentation permanente de la France auprès des Nations unies

Je remercie le Représentant spécial conjoint M. Lakhdar Brahimi pour son intervention et je m’associe à la déclaration effectuée par l’Union européenne.

Monsieur le Président,

Nous approchons de la date qui marquera la troisième année du conflit syrien. Malgré les initiatives qui ont été lancées pour mettre un terme à un conflit ou plus rien n’est interdit ni respecté, les seules nouvelles qui nous parviennent de Syrie sont celles des populations qui meurent, affamées, bombardées, assassinées ; qui fuient la répression et tentent de trouver refuge dans les pays voisins ; qui sont torturées dans les prisons syriennes ; qui disparaissent, laissant leurs familles dans le désarroi.

Monsieur le Président,

En janvier dernier a enfin été amorcé un cycle de discussions qui devait permettre de mettre en œuvre le communiqué de Genève du 30 juin 2012, en préparant une transition politique en Syrie. Malgré les efforts du Représentant spécial conjoint L. Brahimi, les deux premières sessions de discussions n’ont pas été fructueuses.

Il faut que les choses soient claires :

Nous avons, d’un côté, la délégation de l’opposition qui a pleinement coopéré en acceptant l’ordre du jour et la méthode de travail proposés ; qui a accepté de traiter de la question du terrorisme, alors que celle-ci ne figure pas explicitement dans le communiqué de Genève ; qui a fait des propositions constructives en remettant un document détaillé et non provocateur sur la transition politique.

Nous avons, de l’autre côté, une délégation du régime syrien qui refuse de facto de discuter de ce qui constitue le point central du communiqué de Genève, la formation d’une autorité de transition, et qui entend faire de la conférence de Genève une conférence sur le terrorisme en Syrie.

Monsieur le Président,

Un régime engagé dans la recherche d’une solution politique ne place pas les représentants de l’opposition sur la liste des individus terroristes, ne confisque pas leurs biens, ne gèle pas leurs avoirs, ne menace et n’emprisonne pas les membres de leurs familles pour les torturer ;

Un régime engagé dans la recherche d’une solution politique ne poursuit pas sa fuite en avant militaire et meurtrière en bombardant les populations civiles de manière indiscriminée, et en commettant les pires crimes de guerre et crimes contre l’humanité, pour lesquels nous souhaitons la saisine de la CPI.

Un régime engagé dans la recherche d’une solution politique ne fait pas entrave et n’interdit pas l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire. Il n’affame pas volontairement son propre peuple, ses femmes, ses enfants, ses personnes âgées ;

Un dirigeant engagé dans la recherche d’une solution politique ne cherche pas à se faire réélire dans une parodie d’élection présidentielle en privant des responsables d’opposition du droit d’être candidat et en choisissant son corps électoral, alors que la moitié de la population est déplacée ou réfugiée

Tous ces crimes, toutes ces exactions, toutes ces manipulations, le régime syrien les pratique de façon continue et systématique pour éloigner davantage toute perspective de transition et de reconstruction à laquelle le peuple syrien aspire.

Monsieur le Président,

La France reste persuadée que seule une solution politique selon les termes du communiqué de Genève du 30 juin 2012, c’est-à-dire par la mise en place d’une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs, permettra de mettre un terme à la crise syrienne. Elle réitère son entier soutien au Représentant spécial conjoint L. Brahimi, à l’ordre du jour de discussion et à la méthode de travail qu’il a proposés pour les rencontres de Genève. Sans un soutien déterminé de tous à son action, il est inutile de prétendre que c’est une solution politique qui est recherchée au conflit syrien.


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Dernière modification : 26/02/2015

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