Il est grand temps que les parties yéménites saisissent l’opportunité de faire la paix [en]

Yemen
Intervention de Mme Anne Gueguen, représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations unies
Conseil de sécurité – 14 mai 2020

Je tiens à remercier nos intervenants pour leurs présentations complètes.

En plus de la poursuite de la guerre, le Yémen est maintenant confronté à la propagation de la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, il est grand temps que les parties yéménites saisissent l’opportunité de faire la paix en s’engageant et en s’accordant sur un cessez-le-feu immédiat et durable et sur une solution politique globale.

Un cessez-le-feu global et immédiat, tel que demandé par le Secrétaire général des Nations unies, est en effet nécessaire pour lutter contre la pandémie.

La France salue à cet égard, au nom de la Coalition, l’annonce faite par l’Arabie saoudite, de cesser unilatéralement ses attaques pendant un mois supplémentaire.

La France reste en revanche préoccupée par les combats qui se poursuivent dans différentes zones du Yémen. Nous réitérons notre appel aux parties belligérantes au conflit yémenite à cesser immédiatement les hostilités. Il est maintenant plus qu’essentiel qu’elles s’engagent pleinement avec l’envoyé spécial pour parvenir à un cessez-le-feu durable sur l’ensemble du territoire.

Les parties doivent poursuivre leurs efforts et accepter la réunion de crise que l’Envoyé spécial a demandée, tout au moins pour coordonner les efforts de lutte contre la pandémie. La France appelle donc les parties à poursuivre de manière plus constructive et sans délai leurs discussions sur les propositions de Martin Griffiths pour un cessez-le-feu, des mesures de confiance et la reprise d’un règlement politique de la crise. Nous tenons à réitérer notre plein soutien à Martin Griffiths à cette fin. La participation des femmes doit être garantie.

La France exhorte également le gouvernement du Yémen et le CTS à appliquer pleinement l’accord de Riyad dans le sud du Yémen, où le calme et la cessation des hostilités devraient prévaloir. Le CTS doit respecter l’intégrité territoriale et l’unité du Yémen.

Toutes les parties doivent respecter le droit humanitaire international, en particulier protéger les civils et les infrastructures civiles, et assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave, y compris la protection du personnel et des infrastructures humanitaires et sanitaires : cela est plus que jamais nécessaire pour faciliter la réponse à la crise du COVID.

Nous sommes profondément préoccupés par la propagation du COVID-19 au Yémen : la population yéménite est extrêmement vulnérable, avec notamment une très forte proportion d’enfants comme l’a rappelé le RP de la Belgique. Seule la moitié des infrastructures médicales est pleinement opérationnelle, alors que les besoins humanitaires n’ont cessé d’augmenter dans un pays où 80 % de la population dépend de l’aide humanitaire pour survivre. Les conséquences financières et économiques de la pandémie se font déjà sentir, affaiblissant et affectant encore davantage l’une des populations les plus démunies au monde.

Les efforts de prévention et de réponse à la propagation de la pandémie doivent être intensifiés. Il est essentiel de remédier à la pénurie de fournitures et d’équipements essentiels, notamment de tests, d’équipements de protection et de ventilateurs. La coordination entre tous les acteurs concernés, y compris les parties yéménites, est essentielle à cet égard, comme l’ont souligné les intervenants. Les personnels humanitaires et de santé doivent être protégés et soutenus, et obtenir l’accès et la liberté de mouvement dont ils ont besoin.

Enfin, il est crucial et urgent de garantir l’accès des Nations unies au pétrolier Safer, qui constitue une menace sérieuse pour l’environnement : une fuite de pétrole pourrait avoir un impact dramatique sur la région. La poursuite de l’inaction, comme l’ont souligné les intervenants précédents, est dangereuse.

La France reste pleinement engagée et déterminée à trouver une solution pour mettre fin à la guerre au Yémen et, plus largement, pour assurer la désescalade dans la région.

Dernière modification : 28/12/2020

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