"La Charte des Nations Unies est un pilier du multilatéralisme" [en]

Commémoration de la signature de la Charte des Nations Unies

Allocution de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,
en tant que président du Conseil de sécurité des Nations unies, au nom du Conseil de sécurité

26 juin 2020

Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de prendre la parole au nom du Conseil de sécurité, en ma qualité de Président du Conseil.

Il y a 75 ans, la Charte des Nations Unies a été signée à San Francisco. Ce jour-là, « nous, peuples des Nations Unies » avons réaffirmé notre détermination « à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances ».

La Charte des Nations Unies étant un pilier du multilatéralisme, la meilleure façon de commémorer cette Journée qui lui est consacrée est de réaffirmer l’esprit de la Charte et de renouveler notre engagement envers les aspirations fondatrices de l’ONU.

Aujourd’hui, le Conseil de sécurité réaffirme son attachement à la Charte des Nations Unies, notamment aux buts et principes qui y sont énoncés, et à un ordre international fondé sur le droit international, lequel est au fondement d’un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste, de la coexistence pacifique et de la coopération entre États face aux menaces pesant sur la paix et la sécurité internationales. À cet égard, il réaffirme son attachement au multilatéralisme et au rôle central joué par l’Organisation.

Le Conseil rappelle que la Charte lui assigne la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et, à cet égard, souligne que tous les États et toutes les organisations internationales et régionales et autres doivent la respecter.

Monsieur le Président,

Au cours des 75 dernières années, l’ONU a largement contribué à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu’à la réduction des dommages humanitaires causés par les conflits armés. En nous appuyant sur la Charte et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, nous avons collectivement œuvré pour un monde plus pacifique et plus inclusif, notamment à travers le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et le programme relatif aux enfants et aux conflits armés.

Nous déployons actuellement 26 missions politiques spéciales et autres formes de présence politique, ainsi que 110 000 casques bleus dans 13 opérations de paix à travers le monde. Nous tenons à rendre hommage aux femmes et aux hommes qui ont contribué à nos efforts collectifs pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et en particulier aux 3 928 soldats de la paix et autres employés des Nations Unies qui ont fait le sacrifice ultime en accomplissant leur mission. Nous soutenons les réformes engagées par le Secrétaire général pour adapter le maintien de la paix à ses mandats, y faire appliquer les normes de responsabilité les plus rigoureuses et pour qu’il atteigne les plus hauts niveaux de performance afin de relever les défis du XXIe siècle et d’améliorer la sûreté et la sécurité des casques bleus.

Toutefois, dans certains domaines, l’action n’a pas porté les fruits escomptés. Depuis 1945, aucun continent n’a été épargné par les guerres et les crises. Et aujourd’hui encore, trop de conflits armés en cours détruisent des vies et des moyens de subsistance et déplacent des femmes, des hommes et des enfants dans le monde entier. Au moins 70,8 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, notamment 25,9 millions de réfugiés. Les violations et atteinte aux droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire sont encore trop fréquentes.

De nombreux groupes désignés comme terroristes par l’ONU sont toujours actifs et la prolifération des armes de destruction massive demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales, tandis que de nouvelles menaces posent de nouveaux défis.

Les peuples du monde entier souffrent des conséquences de la pandémie de COVID-19. Face à cet enjeu considérable, il faut un système multilatéral fort et plus de coopération et de solidarité entre les nations. Pas moins. À cet égard, nous saluons le rôle moteur joué par le Secrétaire général dans la coordination du système des Nations Unies pour lutter contre la pandémie et préparer la reprise. Et nous saluons son appel au cessez-le-feu mondial.

Monsieur le Président,

Dans les années à venir, nous devons nous appuyer sur nos réussites collectives et tirer les enseignements de nos faiblesses afin de tenir les promesses des fondateurs de l’ONU. Dans la droite ligne de la réforme entreprise par le Secrétaire général et du Programme 2030, nous devons promouvoir et améliorer le règlement pacifique des différends, ainsi que la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le relèvement post-conflit. Et nous devons souligner que le développement durable, les droits humains, la paix et la sécurité sont inséparables et se renforcent mutuellement. Nous devons également associer davantage la jeunesse à l’action, ces jeunes qui ont montré leur esprit d’initiative face aux difficultés de notre époque.

Dans cette entreprise, je tiens à souligner que les organisations et accords régionaux et sous-régionaux jouent un rôle important et qu’il est indispensable de coopérer avec eux, conformément au Chapitre VIII de la Charte, pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales, cela contribuant aux efforts internationaux visant à faire respecter la Charte.

La tâche est immense, mais je peux vous assurer que le Conseil de sécurité demeure résolu à remplir son rôle et à s’acquitter de son mandat d’une manière efficace, inclusive et transparente.

À cet égard, le Conseil de sécurité insiste sur sa détermination à respecter la Charte des Nations Unies dans toutes ses activités ainsi que sur sa volonté de collaborer étroitement avec tous les partenaires pertinents pour qu’elle soit mise en pratique de façon plus effective en tant qu’outil indispensable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Et pour conclure, permettez-moi de citer le premier Président du Conseil de sécurité, car ses paroles restent vraies : « Le maintien de la paix exige la collaboration de tous les Membres des Nations Unies. Et cette collaboration, en dernier ressort, dépend de la volonté des peuples du monde de travailler pour la paix. Cette volonté véritable de faire la paix ne jaillit pas de la peur, mais de la foi dans la fraternité des hommes. » Et, j’ajouterais, dans la sororité des femmes.

Je vous remercie.

Dernière modification : 28/12/2020

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