23 septembre 2016 - La Tunisie fait front, avec courage

Événement « Tunisie – réformes et opportunités d’investissement » - Intervention de Jean-Marc Ayrault, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international - 23 septembre 2016

Merci Monsieur le Ministre, cher Ami,

Monsieur le Ministre Jhinaoui, et Cheik Mohammed,

Mesdames, Messieurs,

Je tiens d’abord à rappeler combien la Tunisie a beaucoup accompli de chemin en si peu de temps : elle a renversé un dictateur ; elle a organisé des élections libres et transparentes ; elle a surmonté une crise politique grave grâce à l’action conjuguée d’une société civile vigilante et du quartet du Dialogue national, dont l’action décisive a été couronnée par le prix Nobel de la paix en 2015 ; elle s’est dotée d’une nouvelle constitution qui affirme les principes démocratiques.

Ce chemin parcouru l’a été dans un contexte sécuritaire particulièrement troublé, marqué par la crise que traverse son voisin, la Libye. Et chacun sait que la Tunisie est une cible de choix pour Daech, justement parce qu’elle incarne tout ce que veulent détruire les terroristes : un pays en mouvement, qui se construit librement et démocratiquement, un pays fier de sa diversité, de sa culture et de son histoire. Au Bardo, c’est tout cela que les terroristes ont délibérément visé, terroristes qui profitent de la situation en Libye pour perpétrer impunément leurs attentats sur le sol tunisien.

Les attentats qui se sont succédés en 2015 ne visaient pas seulement à semer la terreur mais aussi à détruire l’économie pour plonger le peuple dans la crise. Ils ont durement touché le tourisme, qui est un secteur clé de l’économie tunisienne. Même si le tourisme n’est pas le seul secteur à être touché, les investisseurs étrangers hésitent à s’engager en Tunisie.
Mais la Tunisie fait front, avec courage. En même temps qu’elle conduit sa transition politique et renforce son appareil anti-terroriste, elle veut réussir sa transition économique.

Avec le soutien des grandes institutions financières elle mène actuellement une politique volontariste de réformes économiques structurelles, que vous avez rappelée Monsieur le Ministre avec beaucoup de clarté.

Ces réformes s’inscrivent dans un cadre plus large, sur lequel la nouvelle équipe gouvernementale travaille sans relâche depuis sa prise de fonction. Il s’agit de la stratégie économique 2016-2020.

La Banque mondiale et le FMI ont d’ores et déjà marqué leur appui à la Tunisie, puisque ces deux grandes institutions lui ont accordé respectivement 5 milliards et 2,9 milliards de dollars de prêt en mai dernier. C’est un message fort qui est adressé aux investisseurs du monde entier : la Tunisie est prête à les accueillir.

C’est pour ça qu’il est important, et cette réunion porte ce message, de dire à la communauté internationale dans son ensemble qu’elle doit se mobiliser autour de la Tunisie. Nous devons sortir des sentiers battus, des lieux communs pour aider la Tunisie.

A titre bilatéral, la France a déjà montré son engagement dans tous les domaines. Nous avons renforcé notre coopération militaire et sécuritaire suite aux attentats de 2015. Et nous avons cette année signé une conversion de dette en projet de développement, qui permettra la construction d’un hôpital à Gafsa, une région qui a grandement besoin de nouvelles infrastructures. Nous avons également annoncé un plan exceptionnel d’un milliard d’euros sur cinq ans qui portera en priorité sur des projets visant la jeunesse tunisienne et les régions les plus enclavées.

Nous avons également agi de concert avec nos partenaires. Nous plaidons dans toutes les instances européennes et internationales pour la Tunisie. Nous avons été à l’initiative, avec nos collègues allemands et britanniques, d’une coordination locale en format G7 élargi au lendemain des attentats. Ce mécanisme novateur nous a permis d’amplifier et de mettre en cohérence nos coopérations avec la Tunisie dans le domaine sécuritaire. Au vu de la réussite de ce format, un mécanisme similaire a été mis en place dans le domaine économique en juin dernier. Cinq groupes de travail ont d’ores et déjà été créés et fonctionnent.

La Tunisie nous invite le 29 et le 30 novembre 2016, elle invite ses amis, elle invite ses partenaires à la soutenir dans cette voie. C’est avec une conscience aigüe des enjeux économiques en Tunisie mais également avec une pleine confiance dans la capacité des Tunisiens à relever ce défi que la France a décidé de co-parrainer avec le Qatar, dont je salue l’action résolue, la conférence « Tunisia 2020 ». Je veux saluer également la Banque mondiale et le Canada qui apportent un soutien actif à la réussite de cette conférence.

La communauté internationale a répondu présent face aux défis sécuritaires, elle doit maintenant faire la même chose face aux défis économiques. Les Etats partenaires doivent se mobiliser, aux côtés des institutions financières internationales et régionales, aux côtés des entreprises et des banques. Nous avons tous un rôle à jouer dans la mobilisation du secteur privé. L’investissement public et privé, le soutien budgétaire, l’aide face au poids de la dette sont autant de gestes que nous pouvons et devons faire pour accompagner la Tunisie dans sa transition économique et faire de ce pays un partenaire économique de premier plan. Cette mobilisation consolidera les remarquables avancées accomplies par la Tunisie ces dernières années et permettra à son peuple, à sa jeunesse, de regarder avec confiance vers l’avenir.
Je vous remercie.

Dernière modification : 03/01/2020

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