Pour une paix par les élections et la lutte contre le terrorisme [en]

Afghanistan/MANUA
Intervention de Mme Anne Gueguen, représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations unies
Conseil de sécurité - 10 septembre 2019

Monsieur le Président,

Permettez-moi tout d’abord d’adresser les condoléances de la France au peuple afghan et aux familles des victimes des attentats qui ont été commis les 2 et 5 septembre à Kaboul. La France est solidaire du gouvernement afghan dans la lutte contre le terrorisme, un engagement collectif que nous avons tous particulièrement à l’esprit à la veille du dix-huitième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Je remercie à mon tour le Représentant spécial, M. Tadamichi Yamamoto pour son exposé éclairant, notamment sur la nécessité de protéger les populations civiles et sur la nécessité de travailler à un règlement politique du conflit à travers un processus de négociation inter-afghane. Je remercie aussi l’Ambassadeur Djani et le Directeur de l’ONUDC, M. Yuri Fedotov, pour leurs interventions, et je salue en particulier la déclaration de l’Ambassadrice Adela Raz, notamment son plaidoyer pour les droits des femmes afghanes. Je m’associe à la déclaration qui sera prononcée tout à l’heure par le représentant de la délégation de l’Union européenne et je voudrais aborder trois points principaux :

1/ Tout d’abord, la France partage la profonde préoccupation face au niveau très élevé de la violence qui persiste en Afghanistan. La population civile continue d’être ciblée dans des attaques meurtrières, au mépris du droit international humanitaire. Les femmes et les enfants continuent de payer le plus lourd tribut. C’est inacceptable. Ces violations du droit international, en particulier des droits des enfants, doivent cesser. La France encourage toutes les mesures prises par le gouvernement afghan pour œuvrer en ce sens et pour renforcer les mesures prises pour garantir les droits, dans tous les domaines, des femmes afghanes.

Je souhaite, en outre, marquer le soutien de la France à l’appel du Secrétaire général pour un accès humanitaire sûr et sans entrave sur l’ensemble du territoire afghan. Les personnels humanitaires et les personnels de santé doivent être protégés, ainsi que les infrastructures civiles et humanitaires, et pouvoir répondre aux besoins de la population afghane.

Je profite aussi de la présence de M. Fedotov pour souligner l’importance de la lutte contre le trafic de stupéfiants qui continue d’alimenter l’économie illicite, de financer les groupes terroristes et de menacer la santé de nombreux Afghans. Les efforts dans ce domaine doivent se poursuivre et la France restera pleinement engagée aux cotés des autorités afghanes en ce sens.

Monsieur le Président,

2/ Ma deuxième remarque porte sur la nécessité de tout faire pour le bon déroulement de l’élection présidentielle du 28 septembre qui devra être libre, crédible, transparente et inclusive. Il est essentiel, comme le Représentant spécial l’a clairement souligné, d’éviter une nouvelle flambée de violence à l’approche du scrutin.

L’enregistrement de plus de 500 000 nouveaux électeurs, dont 36% de femmes, est un signe encourageant. Toutes les mesures nécessaires doivent toutefois être prises pour garantir leur participation effective et en toute sécurité à la vie politique.

Des efforts supplémentaires doivent être fournis par les autorités afghanes pour rétablir la confiance de la population dans la sécurité et la transparence du scrutin. La France salue, à cet égard, le travail important de sécurisation des bureaux de vote par le gouvernement afghan avec l’aide de la mission de l’OTAN et qui doit être mené à son terme. Le futur président de l’Afghanistan aura la responsabilité de répondre aux aspirations de paix de la population afghane. Il est particulièrement important que l’élection à venir soit un succès pour renforcer sa légitimité en vue des futures négociations inter-afghanes.

3/ Enfin, j’aimerais insister sur la nécessité d’œuvrer à une paix négociée et durable en Afghanistan. Le concept de « processus de paix dirigé par les Afghans » demeure plus que jamais valable. Ce processus doit être inclusif et ne laisser aucune catégorie de la population de côté. Les acquis en matière de justice, d’Etat de droit et de respect des libertés fondamentales doivent aussi être préservés pour garantir une paix durable. Cela passe par la condamnation et l’abandon de la violence.

Pour y parvenir, l’engagement résolu des partenaires de l’Afghanistan est indispensable. La France, qui est liée à l’Afghanistan par des liens anciens, prendra sa part et encourage tous les pays de la région à soutenir activement et sans ambigüité la stabilisation de l’Afghanistan et à contribuer à l’établissement d’une paix durable.

Monsieur le Président,

Permettez-moi, pour conclure, de réitérer le plein soutien de la France au gouvernement afghan et à l’action menée par les Nations unies dans la quête d’une paix durable pour tous les Afghans. Alors que nous discutons en ce moment du renouvellement du mandat de la MANUA, j’aimerais saluer ici le travail remarquable que cette mission effectue au quotidien. Son rôle essentiel doit pouvoir s’appuyer sur un mandat solide et clair et sur le soutien du Conseil de sécurité, afin d’accompagner l’Afghanistan sur le chemin de la paix. Je tiens à saluer, à cet égard, les efforts de l’Allemagne et de l’Indonésie et leur exprimer le plein soutien de la France pour parvenir à un texte équilibré.

Je vous remercie.

Dernière modification : 25/02/2020

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