Protection des journalistes [en]
« Il ne saurait y avoir de pleine démocratie sans accès à une information transparente et fiable. La liberté de la presse est la pierre angulaire de l’édification d’institutions justes et impartiales ; elle permet aussi de mettre les dirigeants devant leurs responsabilités et d’exprimer la vérité face aux puissants. » — António Guterres, Secrétaire général de l’ONU
1. Présentation
Les journalistes, professionnels des médias et personnels associés jouent un rôle clé en matière d’information de la population et de la communauté internationale. La liberté de la presse constitue une liberté fondamentale, au cœur tant de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 que de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
Le rôle crucial des journalistes et la nécessité pour eux de faire leur travail en toute sécurité s’inscrit au cœur de nos sociétés démocratiques. Leur sécurité est à cet effet une condition essentielle à l’exercice de la liberté d’expression pour tous – le droit de chercher, recevoir, et partager de l’information. Sans liberté de la presse, il ne saurait y avoir de contrôle du pouvoir politique, de transparence, de lutte contre la corruption, de lutte contre l’impunité, ou de bonne gouvernance.
L’ONU a notamment intégré l’impératif de sécurité des journalistes dans l’Objectif de développement durable (ODD) 16 visant la promotion de sociétés pacifiques et inclusives. La cible 10 de l’ODD 16 reconnait ainsi le rôle de la liberté d’expression et l’accès à l’information comme conditions préalables et catalyseurs du développement durable et des droits humains.
Dans un contexte de multiplication des crises, les journalistes sont cependant de plus en plus pris pour cible. Partout dans le monde, les journalistes et les travailleurs des médias sont victimes d’intimidation, de pressions politiques et économiques, de harcèlement, d’enlèvements, de violences physiques, d’arrestations arbitraires et même d’assassinats.
870 journalistes ont été tués ces dix dernières années, dont 24 depuis le début de l’année 2022. La grande majorité de ces affaires ne sont pas résolues par la justice, le niveau d’impunité des crimes contre les journalistes reste terriblement élevé. Ce niveau élevé d’impunité crée un climat de peur parmi les professionnels des médias, mais a également un impact négatif sur l’ensemble de la société. Un journaliste réduit au silence étouffe les voix des peuples et limite leur droit à être informé.
Les journalistes et personnels des média doivent pouvoir exercer leur métier sans crainte d’être tués, arrêtés ou encore intimidés. Et les crimes contre les journalistes ne doivent pas restés impunis.
Depuis sa proclamation en décembre 1993 par l’Assemblée générale des Nations unies, la Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée le 3 mai. Cette journée permet de :
* célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse
* évaluer la liberté de la presse à travers le monde
* défendre l’indépendance des médias
* rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession
L’UNESCO a également mis en place un Plan d’action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité visant à mettre en place une stratégie coordonnée au sein du système des Nations unies afin de lutter contre l’insécurité des professionnels de l’information.
2. La France, à l’origine de nombreuses initiatives, mobilise la communauté internationale
La France est investie dans la promotion de la liberté de la presse, la protection des journalistes et la lutte contre l’impunité des crimes visant les journalistes.
À l’initiative de la France, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté pour la première fois le 26 novembre 2013, une résolution portant sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité. Cette résolution fait du 2 novembre la "Journée Internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes". La date a été choisie en hommage à Ghislaine Dupont et à Claude Verlon, journalistes de RFI assassinés au Mali le 2 novembre 2013.
Le texte demande aux Etats membres de faire tout leur possible pour prévenir la violence contre les journalistes et le personnel des médias, d’enquêter rapidement sur toutes les accusations de violence et de traduire en justice les responsables.
En tant que coauteur, la France contribue à l’adoption à l’Assemblée générale de cette résolution désormais biennale. (Résolution la plus récente A/RES/76/173 adoptée le 16 décembre 2021).
Alors que la presse est de plus en plus confrontée au défi de la désinformation, notamment en ligne, qui met en cause le travail d’établissement et de vérification des faits des journalistes, la France a lancé en 2018 avec 11 partenaires (Burkina Faso, Canada, Costa Rica, Danemark, Lettonie, Liban, Lituanie, Norvège, Sénégal, Suisse, Tunisie), l’initiative « Partenariat Information et démocratie » visant à promouvoir un environnement propice à l’information fiable des citoyens, afin de leur permettre de se forger une opinion éclairée. 45 Etats ont signé le Partenariat.
La France est également à l’origine de la création en 2016 à New York du Groupe des Amis des Nations unies pour la protection des journalistes et qui compte aujourd’hui 23 Etats membres. La France en assure la co-présidence avec la Grèce et la Lituanie.
3. La France s’investit au sein du Conseil de sécurité pour la protection des journalistes dans les conflits armés
A l’initiative de la France et de la Grèce, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, le 23 décembre 2006, la résolution 1738 (2006) sur la protection des civils dans les conflits armés, visant à prévenir les actes de violence à l’encontre des journalistes.
Premier texte du Conseil de sécurité consacré à la protection des journalistes dans les conflits armés, la résolution 1738 réaffirme les principes fondamentaux de la protection des civils présents dans ses résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006) et rappelle que cette protection inclut les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé.
Le 27 mai 2015, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2222 (2015) qui appelle au renforcement de la protection des journalistes, de plus en plus victimes d’attaques meurtrières dans les zones de conflit.