Afghanistan : la lutte contre le terrorisme doit demeurer une priorité [en]
AFGHANISTAN
INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST
REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
New York, le 17 décembre 2020
Monsieur le Président,
J’aimerais tout d’abord remercier les intervenants d’aujourd’hui pour leurs exposés ainsi que leur action en faveur de la paix en Afghanistan, et à commencer bien sûr par Deborah Lyons à la tête de la MANUA dont je salue le travail et que je remercie. Un mot pour saluer également le travail absolument remarquable et l’investissement sans faille de l’Indonésie à la présidence des comités 1267 et 1988 et comme co-plumes aux côtés de l’Allemagne. Ils ont fait vraiment un travail remarquable. Enfin, un mot pour Shkula Zadran dont la puissance du témoignage, le courage et la détermination sont un signe d’espoir sur le long chemin de la paix qu’emprunte l’Afghanistan.
Je porte aujourd’hui trois messages.
Tout d’abord, je souhaite marquer la nécessité que les négociations de paix inter-afghanes démarrent enfin sur le fond. L’accord sur le code de conduite pour les pourparlers de paix qui a été obtenu le 2 décembre est une première étape encourageante. Mais j’observe qu’il a fallu trois mois pour y parvenir. Et beaucoup reste à faire. J’aimerais en particulier rappeler à cette occasion que, en cohérence avec l’Agenda Femmes, paix et sécurité, la participation pleine et entière des femmes est absolument indispensable si nous souhaitons une paix durable. La préservation des acquis démocratiques est bien entendu une condition sine qua non de la paix.
En deuxième point, je voudrais rappeler que la lutte contre le terrorisme doit demeurer pour la communauté internationale une priorité. La France condamne, dans les termes les plus fermes, les récentes attaques terroristes comme les assassinats de journalistes et d’acteurs de médias qui ont été mentionnés dans les interventions. Elles menacent la liberté d’expression et les fondements même de la société afghane, elles entravent les efforts de paix. Le niveau de violence reste très élevé, il est inacceptable. Le conflit en Afghanistan continue de coûter la vie à de trop nombreux civils, et en particulier les femmes et les enfants. La mise en place immédiate d’un cessez-le-feu, conformément à la résolution 2532 et à l’appel du Secrétaire général, est indispensable. Enfin, et cela a été mentionné également, la lutte contre la drogue dans toutes ses dimensions, depuis la prévention jusqu’à l’éradication de la production est également essentielle pour garantir une paix durable en Afghanistan.
Enfin, aucune avancée vers la paix ne sera possible si toutes les parties au conflit ne s’engagent sincèrement dans les discussions. Et à cet égard, la sincérité de l’engagement des Taliban reste à démontrer. Alors que nous allons renouveler le mandat de l’équipe de surveillance attachée au comité 1988, j’aimerais tout d’abord saluer ici le travail des experts et rappeler la pertinence du comité des sanctions 1988. Comme l’a décidé le Conseil dans sa résolution 2513, la révision de la liste de sanctions ne pourra être envisagée que si des gages sérieux et crédibles sont donnés par les Taliban en termes de réduction de la violence, mais également d’efforts au service des négociations et de renoncement à toutes les activités qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan. Notre soutien à la paix est constant, nous l’avons encore démontré lors de la conférence de Genève, l’engagement de l’Union européenne, le mois dernier, à apporter 1,2 milliard d’euros sur quatre ans en témoigne pour aider le pays par une aide d’urgence à la fois mais également une aide de long terme qui soutiendra la modernisation et le développement démocratique durable, notamment la lutte contre la corruption ou le renforcement des institutions tout en contribuant à améliorer le quotidien des afghans en particulier en réduisant la pauvreté. Mais ce soutien n’est pas aveugle et ne se fera pas sans conditions, conditions de respect des gains démocratiques des vingt dernières années.
En conclusion, Monsieur le Président, je voudrais rappeler que la paix ne doit pas se faire à n’importe quel prix. La lutte contre l’impunité est absolument essentielle pour ceux qui commettent des crimes. La protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, doit être une priorité absolue et toutes les parties doivent respecter leurs obligations, conformément au droit international humanitaire.
Je vous remercie.