La France est préoccupée par l’impasse politique en Somalie [en]

SOMALIE

INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST,
REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE, CHARGÉE D’AFFAIRES A.I.
DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

New York, le 25 mai 2021

Monsieur le Président,

Je me joins à mes collègues pour vos remercier de nous réunir aujourd’hui en salle.

Je remercie également l’ensemble des intervenants pour leurs témoignages et leurs présentations.

La France est préoccupée par l’impasse politique en Somalie.

La décision du parlement de revenir sur la prolongation unilatérale de son mandat est un élément positif. Nous sommes encouragés par l’engagement du Premier ministre Roble dans la reprise des discussions. Nous exhortons le gouvernement fédéral somalien et les États fédérés à conclure un accord politique afin que les élections puissent avoir lieu sans délai, dans l’ensemble des Etats membres de la fédération et dans le consensus. Il en va de la pérennité de la fédération somalienne.

Je rappelle l’importance de l’inclusivité du processus électoral. La pleine participation des femmes comme électrices mais également comme candidates doit demeurer une priorité, avec le respect du quota de 30% au parlement. Nous appelons également à la participation des jeunes, conformément à la résolution 2535 sur l’agenda « Jeunes, paix et sécurité ».

Ces discussions inter-somaliennes doivent permettre de renforcer l’État de droit, de consolider la démocratie en Somalie, avec le soutien des Nations unies et celui du Représentant spécial, James Swan, dont je salue le travail. La France salue également la mobilisation de l’Union africaine et tous ses efforts pour favoriser le dialogue entre les parties somaliennes.

Monsieur le Président,

La France craint que ce blocage politique n’ait des répercussions sécuritaires. La communauté internationale ne peut accepter que les efforts de tous dans la lutte contre les Shebab soient entravés, alors que le groupe poursuit ses attaques meurtrières, comme nous l’avons vu récemment.

Nous sommes préoccupés par l’absence de progrès dans la mise en œuvre du plan de transition somalien. Or ce plan est une composante essentielle de la transition, avec le rapport du général dos Santos Cruz et l’évaluation à venir de l’Union africaine. Toutes ces étapes doivent être franchies dans les délais prévus par la résolution 2568 pour que ce Conseil puisse prendre une décision sur le passage de relai aux forces somaliennes et le futur de l’AMISOM qui doit passer par la mise en place d’une mission reconfigurée. Il n’y a pas d’alternative.

La France appelle également à ce qu’une décision soit prise cette année sur le financement de l’AMISOM. Une discussion doit avoir lieu avec toutes les parties prenantes, à commencer par l’Union africaine, mais aussi la Somalie, ses partenaires régionaux, les pays contributeurs de troupes et les soutiens financiers, dont l’Union européenne, dont je rappelle qu’elle a versé près de deux milliards d’euros depuis 2007. Je ne saurai trop insister sur l’urgence que d’autres soutiennent désormais financièrement cette mission.

Monsieur le Président,

La France demeure enfin préoccupée par la situation humanitaire en Somalie.

Les populations civiles voient leur sort aggravé par la pandémie de COVID-19 mais également par les conditions climatiques extrêmes, qu’il s’agisse de la crise des criquets pèlerins ou des conséquences du changement climatique. L’insécurité alimentaire s’aggrave. Un enfant sur huit meurt aujourd’hui avant l’âge de cinq ans : il s’agit d’un des taux de mortalité des enfants les plus élevés au monde.

La France appelle à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave et elle condamne, de la façon la plus ferme, les attaques contre les personnels humanitaires et de santé, ainsi que les entraves à l’accès humanitaire. Ces crimes ne resteront pas impunis. Le respect du droit international humanitaire et des droits de l’Homme n’est pas négociable.

Nous sommes préoccupés enfin par l’augmentation des violences à l’encontre des enfants. Nous appelons à ce titre à la pleine mise en œuvre des conclusions du groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés adoptées en août dernier.

La France encourage la Somalie à mettre en œuvre ses engagements internationaux et régionaux en adoptant les textes législatifs appropriés à la fois sur la protection de l’enfance et sur la condamnation des violences sexuelles et basées sur le genre.

Je vous remercie.

Dernière modification : 13/12/2021

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