"La lutte contre les violations graves ne doit pas s’arrêter à la libération des enfants." [en]
ENFANTS ET CONFLITS ARMES
INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE,
REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 19 juillet 2022
Monsieur le président,
Je remercie le Brésil pour l’organisation de ce débat, ainsi que Mesdames Russell et Gamba pour leurs présentations et je salue le témoignage poignant de Monsieur Kumi en tant que rescapé. Je rends hommage à travers lui à toutes les personnes engagées pour la protection des enfants dans les conflits.
La France salue les efforts continus de l’ensemble du système des Nations unies pour libérer les enfants de la guerre. Avec plus de 150 000 enfants libérés depuis 2005, l’agenda « enfants et conflits » représente ce que ce Conseil de sécurité peut faire de mieux quand les circonstances l’exigent. Néanmoins, nous pouvons et nous devons faire davantage. Les violations se poursuivent. Les conflits se multiplient et accroissent la vulnérabilité des enfants. Les violations commises par les forces régulières augmentent.
A ce titre, la France condamne à nouveau l’agression russe contre l’Ukraine. Ses conséquences sur les enfants sont dramatiques. Les mécanismes de ce Conseil doivent être mis en jeu sans attendre. Le cas échéant à travers des rapports plus réguliers quand l’urgence s’impose. Les meurtres, les mutilations, attaques contre les écoles et les hôpitaux doivent être recensés et attribuées sans délai. Il en va de la crédibilité des Nations unies et de celle de la liste d’infamie.
La France est également préoccupée par les situations en Somalie, en Afghanistan, en Birmanie, en Syrie et au Yémen. Nous saluons les efforts des Nations unies pour instaurer un dialogue avec les parties et promouvoir la signature de plans d’action.
Monsieur le président,
Face à ces tendances inquiétantes, je souhaite insister sur trois points.
D’abord, la lutte contre les violations graves ne doit pas s’arrêter à la libération des enfants. La réintégration dans la société est fondamentale. Le re-recrutement constitue un échec impardonnable. Les Principes et Engagements de Paris répondent à cet objectif double de libération des enfants soldats et de leur réintégration dans la vie civile. 112 Etats ont déjà endossés ces Principes et Engagements depuis 2007. Nous réitérons notre appel à leur endossement universel.
Ensuite, nous devons redoubler d’efforts pour protéger les enfants réfugiés et déplacés internes. Ils figurent parmi les plus vulnérables. La France salue l’action de l’UNICEF et des acteurs humanitaires. L’accès à l’éducation est un enjeu majeur. La France a œuvré par exemple à la scolarisation immédiate de plus de 18 000 enfants ukrainiens réfugiés. Nous saluons aussi l’accent mis aujourd’hui sur la situation des enfants apatrides. Il faut abroger les lois empêchant les mères de transmettre leur nationalité et de garantir l’enregistrement universel des naissances. Tous les enfants doivent pouvoir jouir de leurs droits de façon égale.
Enfin, nous devons continuer de lutter sans relâche contre l’impunité. La France salue le rôle des Nations unies et de tous les acteurs engagés en faveur de la protection de l’enfance. Nous devons également utiliser davantage l’outil des sanctions, en complément des poursuites judiciaires.
Monsieur le président, soyez assurés que la France poursuivra son engagement historique en faveur de la protection de l’enfance dans les conflits.
Je vous remercie./.