La situation au Proche-Orient est grave. La priorité est de faire taire les armes [en]

PROCHE-ORIENT

INTERVENTION DE NATHALIE BROADHURST,
REPRESENTANTE PERMANENTE ADJOINTE, CHARGEE D’AFFAIRES A.I. DE LA FRANCE AUPRES DES NATIONS UNIES

A L’ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES

New York, le 20 mai 2021

Madame la Présidente,

Je salue la présence parmi nous de plusieurs ministres.

La situation au Proche-Orient est grave. A l’heure où nous nous réunissons, les combats se poursuivent. Les civils des deux côtés en sont les premières victimes. Ce conflit pourrait entraîner un embrasement général, aux conséquences graves dans les territoires palestiniens, en Israël et dans l’ensemble de la région.

La priorité aujourd’hui est de faire taire les armes. La France soutient l’appel du Secrétaire général à une cessation immédiate des hostilités. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir, à Gaza où la population est déjà éprouvée par un blocus qui n’a que trop duré, ainsi qu’en Israël.

Nous condamnons avec la plus grande fermeté les tirs du Hamas et d’autres groupes terroristes visant des zones habitées en Israël. Ces tirs indiscriminés sont contraires au droit international humanitaire. Ils doivent cesser. Le soutien de la France à la sécurité d’Israël est indéfectible.

Nous appelons les autorités israéliennes à faire preuve de la plus grande retenue et à agir de façon proportionnée, avec toutes les précautions nécessaires et dans le strict respect du droit international.

Nous appelons chacun à protéger les civils, en particulier les enfants, à garantir l’accès immédiat et sans entrave de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins urgents de la population, notamment des personnes déplacées. La France appelle également à la protection du personnel et des infrastructures humanitaires et médicaux, conformément au droit international humanitaire, ainsi qu’à celle des journalistes, dont la sécurité en temps de conflit est essentielle pour le droit d’informer.

L’escalade à laquelle nous assistons une fois de plus, depuis dix jours, s’inscrit, nous le savons, dans un contexte que nous ne connaissons que trop bien : une absence de perspective politique et le non-respect du droit international depuis de trop nombreuses années. Les cycles de violence continueront à se succéder si la volonté n’est pas là pour avancer vers l’établissement de deux États vivant en paix et en sécurité, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues sur la base des lignes de 1967, ayant tous deux Jérusalem pour capitale, dans le cadre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité.

L’engagement de la communauté internationale en faveur d’une paix juste et durable au Proche-Orient doit être total. Tant que ce conflit ne sera pas résolu politiquement, il viendra se rappeler à nous par la violence, et ce sont à chaque fois les populations palestinienne et israélienne qui en paieront le prix. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères M. Le Drian a mis en garde la communauté internationale à ce sujet lorsqu’il a réuni, bien avant la crise actuelle, ses homologues allemand, égyptien et jordanien à Paris au mois de mars dernier.

Au cours des semaines qui ont suivi, la France a exprimé sa grave préoccupation à l’égard des évictions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, notamment à Cheikh Jarrah, en condamnant la poursuite de la colonisation. Parce que la colonisation est illégale en droit international, et parce qu’elle aggrave les tensions sur le terrain. De même, nous avons rappelé notre attachement au respect du statu quo de 1967 sur les Lieux saints – en lien notamment avec la Jordanie, compte tenu de son rôle spécifique à cet égard.

Au-delà et plus largement, ce sont toutes les provocations, tous les appels à la haine et à la violence qui doivent cesser pour permettre un apaisement des tensions dans les territoires palestiniens comme en Israël.

Madame la Présidente,

L’urgence est aujourd’hui que les combats cessent au plus vite. La France souhaite que le Conseil de sécurité assume toutes les responsabilités que la Charte lui confie. Il en va de son rôle de premier plan dans cette crise comme dans toutes celles qui relèvent de la paix et de la sécurité internationales. Ce qui est en jeu, ce sont d’abord des vies humaines.

C’est pourquoi, à l’initiative du Président Macron, conjointement avec le Président Sissi et le Roi Abdallah II, la France a présenté aux membres du Conseil de sécurité hier un projet de résolution, dans la continuité de l’ensemble des efforts portés par d’autres membres du Conseil depuis plusieurs jours.

Cette résolution demande trois choses simples qui doivent pouvoir faire consensus : une cessation immédiate des hostilités, le respect du droit international humanitaire et la protection des civils, ainsi que la relance urgente des négociations pour mettre en œuvre la solution des deux Etats. Elle rappelle notre condamnation des tirs indiscriminés et des violations du droit international.

Cette initiative est complémentaire de tous les efforts en cours en faveur de la cessation des hostilités et de la mise en œuvre d’un cessez-le-feu durable. Ces efforts – je pense à ceux de plusieurs de nos partenaires, notamment l’engagement bilatéral des Etats-Unis ainsi que les démarches engagées par l’Egypte – nous les soutenons et nous y contribuons activement.

La France appelle donc les membres du Conseil de sécurité – de manière complémentaire aux efforts bilatéraux de chacun, et conformément aux compétences du Conseil –, à agir en responsabilité. Près de deux semaines après le déclenchement du cycle de violence, il faut traduire en actes notre engagement en soutien au multilatéralisme et au règlement pacifique des différends.

Je vous remercie.

Dernière modification : 13/12/2021

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