Le conflit syrien est loin d’être derrière nous [en]

SYRIE (POLITIQUE ET HUMANITAIRE)

INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE
REPRESENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRES DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 28 avril 2021

Monsieur le Président,

Je remercie l’Envoyé spécial et M. Mark Lowcock pour leurs exposés.

Le conflit syrien est loin d’être derrière nous.

La France est préoccupée par la poursuite des hostilités partout dans le pays. Le risque de résurgence de Daech est inquiétant. L’instabilité chronique dans les zones reconquises par le régime est la preuve qu’il n’y aura pas de stabilisation durable sans solution politique.

Alors que le mois de ramadan a commencé, la France réitère son appel à mettre en place une cessation des hostilités à l’échelle nationale, vérifiable et sous supervision des Nations Unies, conformément aux appels du Secrétaire général et aux résolutions de ce Conseil.

La situation humanitaire s’aggrave chaque jour.

Plus de 12 millions de Syriens sont en situation d’insécurité alimentaire. La pandémie de COVID-19 continue de se propager. Dans le Nord-Est, le nombre de cas a augmenté de 57% en un mois. Le premier acheminement, la semaine dernière, de vaccins contre la COVID-19 dans le cadre de la facilité COVAX est positif. Il est essentiel de garantir un accès équitable à ce vaccin, y compris au Nord-Est et au Nord-Ouest.

Le droit international humanitaire doit être respecté par tous : non seulement la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, mais aussi la garantie d’un plein accès humanitaire.

Les blocages systématiques de l’aide par le régime montrent qu’il n’y a pas d’alternative au mécanisme transfrontalier. La France est déterminée à ce que ce mécanisme soit renouvelé pour douze mois, partout où il sauve des vies, conformément à l’appel du Secrétaire général.

Des progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2254 doivent être réalisés pour dépasser le blocage actuel.

Il est temps que le comité constitutionnel travaille enfin à la rédaction de la réforme constitutionnelle. Le régime doit démontrer sa disposition à participer de bonne foi aux négociations.

La France appelle instamment l’Envoyé spécial à travailler à la mise en œuvre des autres volets de la résolution 2254 et à en faire rapport, en indiquant clairement à ce Conseil où sont les points de blocages.

Il faut préparer dès à présent la tenue d’élections inclusives, libres et transparentes, sous supervision des Nations Unies et auxquelles la diaspora pourra prendre part, comme le prévoit la résolution 2254. La France ne reconnaîtra aucune validité aux élections prévues par le régime qui se dérouleront fin mai. Celles-ci ne répondront pas aux critères précédemment énumérés et se tiendront sous le seul contrôle du régime, sans supervision internationale.

Il convient également d’avancer sur la question des personnes détenues dans les geôles du régime et des personnes disparues. Rien ne peut justifier l’absence de progrès sur ce dossier.

Monsieur le président,

Il n’y a pas de paix sans justice. La France poursuivra sans relâche, avec ses partenaires, son combat contre l’impunité des crimes commis en Syrie.

Le dernier rapport du Secrétaire général sur les violations à l’encontre des enfants établit une nouvelle fois la responsabilité écrasante du régime et des forces le soutenant, en particulier dans les attaques commises contre les hôpitaux et les écoles.

La France continuera d’apporter son soutien aux mécanismes internationaux de lutte contre l’impunité. Elle poursuivra son action dans le cadre du Partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques.

L’adoption, il y a une semaine, à une large majorité d’une décision visant à prendre des mesures tirant les conséquences du non-respect par la Syrie de ses obligations internationales au titre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques est une étape importante.

Les actions engagées devant les tribunaux partout en Europe visent également à rendre justice face aux crimes commis par le régime.

Monsieur le Président,

Sans règlement politique crédible, la France et ses partenaires resteront constants dans leur position sur la reconstruction, la normalisation et les sanctions. Et elle continuera à travailler avec tous ceux qui souhaitent une solution politique à la crise.

Je vous remercie.

Dernière modification : 13/12/2021

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