"Le partage de la plume peut être bénéfique pour renforcer la mobilisation internationale." [en]

LA FONCTION DE PORTE PLUME
INTERVENTION DE MME SHERAZ GASRI,
COORDINATRICE POLITIQUE,
REPRESENTATION PERMANENTE DE LA FRANCE AUPRES DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE EN FORMAT ARRIA

New York, le 11 août 2022

Merci Monsieur le président et je remercie la Russie pour la disponibilité de l’interprétation à cette réunion Arria qui est une amélioration significative des méthodes de travail du Conseil de sécurité.

Chers collègues,

La France est attachée à l’efficacité du Conseil de sécurité et il est important que les membres du Conseil discutent des manières de la préserver et de la renforcer. C’est l’objet du groupe de travail sur les méthodes et les procédures, sous présidence de l’Albanie.

En ce qui concerne la question des porte-plumes, qui est à l’ordre du jour de notre discussion aujourd’hui et qui est consacrée par la note 507, je veux souligner que son unique objectif est de faciliter les travaux collectifs de ce Conseil. D’autres l’ont rappelé, c’est le fruit d’une pratique qui ne saurait réduire en aucun cas la liberté de tout membre du Conseil de présenter un texte à tout moment et sur tout sujet. Il nous parait que toute allocation formelle automatique ou ex ante des plumes serait nuisible à l’efficacité du Conseil et contraire à l’esprit de la Charte. Je veux souligner aussi que les menaces à la paix et à la sécurité internationales, mais également les ruptures de paix et les actes d’agression, sont malheureusement suffisamment nombreux pour permettre des initiatives nouvelles des membres du Conseil, qu’ils soient élus ou permanents. Nous saluons notamment, dans la période récente, le rôle joué par le Niger et l’Irlande sur la question du dérèglement climatique, par le Ghana et la Norvège sur la question de la sécurité maritime, par l’Irlande sur la crise au Tigré ou par le Koweït sur les personnes disparues.

La légitimité et l’effectivité d’un porte-plume reposent sur sa capacité à travailler avec les autorités nationales et les pays concernés, avec les organisations régionales pertinentes, mais aussi avec le reste des parties prenantes, dont la société civile et les agences des Nations unies, dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales. Il s’agit de proposer sur tout sujet des compromis, de créer du consensus pour permettre au Conseil de remplir ses prérogatives, plutôt qu’à faire primer sa position nationale, ou de chercher à déposséder le Conseil de sécurité de son mandat, au risque de paralyser notre organisation. L’usage répété et abusif du veto comme tactique de négociation, la mise en bleue in extremis de textes non négociés pour imposer une vue minoritaire, ou encore le blocage des nominations de panels d’experts des comités de sanctions ne sont pas compatibles avec cet esprit de compromis.

Sur la question du partage des plumes sur laquelle il y a eu plusieurs propositions dont nous prenons note, je veux aussi souligner que la France est ouverte au partage des plumes pour tirer le meilleur parti des expertises et des expériences. Cette année nous avons présenté des textes sur les Grands Lacs parfois avec les A3, récemment avec l’Inde. Nous avons organisé en octobre dernier, une visite du Conseil de sécurité au Sahel avec le Kenya et le Niger. Comme l’a indiqué l’Ambassadeur mexicain, nous conduirons cette année la négociation concernant le régime de sanctions au Mali avec la Présidence du comité de sanctions. Le partage de la plume peut être bénéfique pour renforcer la mobilisation internationale ou mieux prendre en compte une problématique nouvelle. Nous l’avons démontré avec la République dominicaine pour promouvoir l’agenda « jeunes, paix et sécurité », avec la Tunisie pour faire face à la pandémie de COVID-19 et récemment avec le Mexique pour répondre à l’urgence humanitaire en Ukraine.

Enfin, la France est favorable vous le savez, à un élargissement du Conseil de sécurité, pour renforcer son autorité et sa représentativité tout en préservant son caractère décisionnel. Cela a été souligné par l’Inde. Cette réforme est urgente. Nous appelons également à soutenir l’initiative franco-mexicaine sur l’usage du veto en cas d’atrocités de masse pour renforcer l’efficacité du Conseil.

Je vous remercie./.

Dernière modification : 22/12/2022

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