"Le statu quo n’est pas une option pour la Libye" [en]

MANUL

INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE,
REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 26 mai 2022

Madame la Présidente,

Je remercie la Secrétaire générale adjointe et la présidence indienne du comité de sanctions pour leurs exposés. Je salue la présence parmi nous du représentant permanent libyen.

Le statu quo n’est pas une option pour la Libye et il y a urgence à résoudre la crise du pouvoir exécutif.

La France appelle les acteurs libyens à s’engager dans un véritable dialogue pour parvenir sans délai à une solution politique viable. L’émergence d’un gouvernement unifié, inclusif et capable de gouverner sur tout le territoire est indispensable pour organiser et sécuriser des élections présidentielles et parlementaires dès que possible, partout en Libye, conformément aux appels du Secrétaire général, aux résolutions de ce Conseil et surtout aux attentes du peuple libyen. L’ajournement des élections il y a six mois a ouvert une période d’incertitude, qui va à l’encontre de nos efforts visant à restaurer une Libye unie, stable et souveraine.

La France apporte son plein soutien la médiation des Nations unies sur la base constitutionnelle. Un dialogue entre l’ensemble des parties libyennes, notamment mais pas uniquement entre les deux chambres, est nécessaire pour définir une nouvelle feuille de route pour la tenue des élections. Au-delà des progrès sur la base constitutionnelle, ce dialogue est utile pour apaiser les tensions. Nous encourageons donc les Nations unies à poursuivre leurs efforts en ce sens.

Les acquis sécuritaires doivent également être préservés de l’enlisement politique.
La France appelle l’ensemble des acteurs libyens à s’abstenir de toute violence, incitation à la haine ou menace, et à respecter le cessez-le-feu. Elle continuera de soutenir à cette fin le comité militaire conjoint libyen. Celui-ci a démontré sa détermination à mettre en œuvre l’ensemble des dispositions de l’accord du cessez-le-feu, notamment le retrait graduel et progressif de tous les mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères, tel que détaillé dans son Plan d’action. Cela est essentiel pour le recouvrement de la souveraineté libyenne, tout comme l’est un processus de désarmement, démobilisation et réintégration. La France est prête à y travailler, en lien avec les Libyens, les pays de la région et les organisations régionales concernées.

Il est également de la responsabilité de tous les Etats membres d’assurer le respect de l’embargo sur les armes. L’opération IRINI constitue une contribution unique à la mise en œuvre de l’embargo. La France remercie la Libye de sa coopération et elle appelle les Etats membres de ce Conseil à faciliter le renouvellement d’ici au 3 juin des autorisations qui permettent à IRINI d’opérer.

La France reste préoccupée par la poursuite du blocage pétrolier. Elle suit avec intérêt les recommandations visant à un gel des revenus pétroliers et à la mise en place d’un mécanisme de gestion transparente et équitable de ces revenus. Celui-ci devra être accepté par tous les acteurs libyens concernés et permettre le cas échéant la levée rapide du blocage des puits. Elle rappelle aussi les efforts déployés par la conseillère spéciale en vue d’une véritable unification de la Banque centrale libyenne, qui n’est toujours pas une réalité.

La France reste préoccupée par la hausse des violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, notamment à l’encontre des réfugiés, des migrants et des défenseurs des droits de l’Homme, en particulier les femmes. Elle rappelle l’importance que le mandat de la mission d’établissement des faits soit prolongé en juin et que toutes les parties coopèrent avec la Cour pénale internationale. La lutte contre l’impunité est un élément indispensable pour garantir une paix durable.

Madame la Présidente,

La priorité de ce Conseil aujourd’hui doit être de préserver les avancées politiques et sécuritaires acquises au cours des dernières années et relancer sans plus attendre un processus électoral indispensable à la stabilisation durable de la Libye. J’appelle tous les membres de ce Conseil à se montrer à la hauteur des enjeux qui pèsent sur la paix et la sécurité de la Libye et de la région.

Je vous remercie./.

Dernière modification : 15/12/2022

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