"Nous condamnons la culture de l’impunité qui perdure" [en]

DEBAT ANNUEL VIOLENCES SEXUELLES EN TEMPS DE CONFLIT « RESPONSABILITE COMME PREVENTION : METTRE UN TERME AUX CYCLES DE VIOLENCES SEXUELLES DANS LES CONFLITS »

INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST, REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, 13 avril 2022

Monsieur le Président.

Je remercie l’ensemble de nos intervenantes pour leurs témoignages puissants. Je rappelle notre plein soutien au mandat de la Représentante spéciale Pramila Patten.
Je salue également l’engagement remarquable de Nadia Murad et je renouvelle à travers elle notre reconnaissance à tous les acteurs qui agissent sur le terrain contre les fléaux des violences sexuelles.

Face à une situation qui ne cesse de s’aggraver en Ukraine, nous avons pris connaissance avec effroi des allégations de viols et de violences sexuelles. Les témoignages qui se multiplient sont terrifiants et doivent faire l’objet d’enquêtes impartiales et indépendantes, sans délai. Ces crimes ne sauraient rester impunis.
La France condamne avec la plus grande fermeté et en tous lieux l’utilisation de la violence sexuelle comme méthode ou moyen de guerre, de torture et de terreur. Je pense ici tout particulièrement aux cas de violences sexuelles observés en Ethiopie, en Syrie, au Yémen, mais aussi en République démocratique du Congo. Nous condamnons tout discours sexiste, misogyne ou homophobe qui exacerbe ces violences.

Alors, pour prévenir ces violences sexuelles, pour traduire en justice les responsables, l’action de la France repose sur trois axes.

Tout d’abord, la France s’engage pour soutenir et accompagner les victimes et survivantes. Nous saluons à cet égard votre travail, Madame Murad, ainsi que celui du Docteur Mukwege. La France est fière de contribuer à hauteur de 6,2 millions d’euros au Fonds mondial pour les survivants et de siéger dans son Conseil d’administration.

Nous soutenons la mise en place de projets pilotes sur le terrain, que ce soit en Irak, en République centrafricaine et au Soudan du Sud notamment. Au Nigéria, nous avons un projet pilote qui soutiendra le retour à l’école ou à une formation de filles enlevées par Boko Haram. Ces différentes initiatives s’appuient sur des partenaires locaux pour fournir un accès à des réparations médicales, physiques, psychologiques et financières.

En dépit de quelques avancées que nous saluons, nous condamnons la culture de l’impunité qui perdure. Nous dénonçons par ailleurs les représailles subies par les défenseurs des droits qui sont engagés sur le sujet. Nous le savons, si le cadre normatif est robuste, la mise en œuvre est essentielle, et elle est insuffisante. 49 parties sont encore listées en annexe du rapport du Secrétaire général et la plupart depuis de très nombreuses années. Les juridictions françaises agissent. Avec la Suède par exemple, la France a formé une équipe pour enquêter sur les crimes commis à l’encontre de la population Yézidie, en Syrie et en Irak. Nous rappelons par ailleurs notre soutien au rôle indispensable que joue la Cour pénale internationale. En parallèle à la lutte contre l’impunité, ce Conseil doit aussi utiliser tous les outils à sa disposition et en particulier les sanctions. Elles représentent une mesure de dissuasion insuffisamment appliquée.

Enfin, nous devons aussi poursuivre le plaidoyer et renforcer nos engagements. C’est le sens du lancement du Compact pour Femmes, paix et sécurité et action humanitaire au sien du Forum Génération égalité. A titre national, nous avons également adopté un troisième plan d’action sur l’agenda Femmes, paix et sécurité et au niveau européen, c’est tout l’objectif de la conférence qui sera organisée au mois de mai sur le rôle des femmes dans les processus de médiation. Nous appelons bien sûr tous les Etats à renouveler et à renforcer leurs engagements.

Avec les Nations Unies, nous devons renforcer la sensibilisation à la fois sur les obligations des parties mais aussi sur les droits des victimes. C’est aussi le sens de notre soutien politique et financier à la société civile, dont l’action de plaidoyer est absolument indispensable.

Monsieur le Président,

Soyez assurés que la lutte contre les violences sexuelles restera au cœur des priorités portées par la France au sein de ce Conseil. Elle veillera à la mise en œuvre des résolutions « Femmes, paix et sécurité » et la mise à disposition de ressources adéquates nécessaires pour les équipes sur le terrain.

Je vous remercie./.

Dernière modification : 14/12/2022

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