"Le Mali a encore besoin de la MINUSMA" [en]
MALI
INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE,
REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 13 juin 2022
Madame la Présidente,
Je remercie le Représentant spécial et Madame Touré pour leurs présentations. Je souhaite la bienvenue à Monsieur Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères du Mali. Je salue également la présence, dans la salle, de Djimé Adoum, Haut-Représentant de la Coalition pour le Sahel.
Madame la Présidente,
Alors que nous nous apprêtons à renouveler le mandat de la MINUSMA, nous devons être lucides. La situation au Mali reste dramatique. Près de 2 millions de personnes ont encore besoin d’aide alimentaire et un tiers de la population dépend de l’aide humanitaire. Les groupes terroristes poursuivent leurs actions meurtrières. Les violences contre les civils atteignent des niveaux inégalés. Je rends hommage au passage aux trois casques bleus ainsi qu’aux trois personnels humanitaires qui ont perdu la vie au début du mois.
Dans ce contexte difficile, le Mali a encore besoin de la MINUSMA.
La France entend donc assumer son rôle et proposer à ce Conseil de renouveler le mandat de la mission pour une année supplémentaire.
Mais pour que la MINUSMA poursuive son mandat, les autorités de transition maliennes doivent également prendre leurs responsabilités. Les entraves aux activités de la mission et aux relèves des contingents doivent cesser. Les autorités doivent également poursuivre le dialogue avec la CEDEAO, dont nous soutenons les efforts. Il s’agit de parvenir à un calendrier mutuellement acceptable et à des engagements concrets pour un retour à l’ordre constitutionnel. C’est dans l’intérêt des populations maliennes. Les violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire doivent cesser, et les responsables doivent être traduits en justice. La MINUSMA doit pouvoir accéder aux zones concernées pour mener ses enquêtes et publier ses rapports dans des délais raisonnables.
Dans le même temps, nous entendons les appels du Mali à ce que la MINUSMA soit plus efficace, et qu’elle soutienne les efforts de redéploiement de l’Etat et des services publics. Ces demandes sont légitimes. La MINUSMA doit faire mieux. En particulier, elle doit protéger plus efficacement les civils. Et ceci impose un travail de réflexion sur l’avenir. C’est pourquoi nous entendons proposer, dans le renouvellement du mandat, de soutenir la revue interne envisagée par le Secrétaire Général. Les objectifs sont notamment de clarifier les relations avec l’Etat hôte et de déterminer les modifications éventuelles à apporter à la configuration de la mission.
Nous souhaitons aussi maintenir, au cœur du mandat, l’appui à la mise en œuvre de l’accord de paix issu du processus d’Alger. Nous ne devons pas l’oublier : cet accord, accepté par toutes les parties et reconnu par la communauté internationale, demeure fondamental pour la stabilisation du Mali. Nous restons convaincus qu’il est le cadre adéquat pour un apaisement durable des relations entre le nord et le sud du pays.
Pour ce nouveau mandat, la France proposera également de poursuivre son appui aérien à la MINUSMA. Comme l’ont rappelé le Secrétaire Général et les contributeurs de troupes, ce soutien est nécessaire à la MINUSMA ainsi qu’à la sécurité des casques bleus. Au nord du Mali tout particulièrement, la présence de la MINUSMA joue un rôle important pour accompagner le redéploiement de l’Etat malien. Or, cette présence est rendue possible par le soutien aérien français. Dans le contexte du départ de Barkhane du Mali, la France reste prête à fournir cet appui depuis l’extérieur, dans un cadre juridique clair et accepté par le Mali.
Enfin, nous ne devons pas oublier que la situation au Mali s’inscrit dans un cadre plus large. A l’échelle du Sahel, il est nécessaire de trouver les moyens adéquats pour que les forces armées africaines puissent lutter ensemble, et efficacement, contre le terrorisme. Les questions de sécurité, de gouvernance et de développement, doivent être traitées conjointement. C’est justement le sens du travail de la Coalition pour le Sahel.
La France compte donc sur le soutien de tous les membres de ce Conseil au projet de résolution que nous aller diffuser à l’issue de cette réunion. Nous sommes convaincus que l’accord unanime du Conseil est à nouveau possible cette année. Nous entendons travailler en ce sens avec vous tous.
Je vous remercie./.