Syrie : l’utilisation répétée d’armes chimiques par le régime est un fait incontestable [en]
SYRIE - CHIMIQUE
INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE
REPRESENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 03 février 2021
Je remercie Mme Nakamitsu pour son exposé. Je souhaiterais souligner trois points.
Premièrement, je constate que le régime syrien continue de se soustraire à ses obligations internationales. Comme trop souvent, le rapport qui vient d’être présenté ne fait état d’aucun progrès.
Prenons la déclaration initiale. Combien de fois avons-nous répété que la Syrie devait faire la lumière sur cette déclaration ? Dès lors, comment expliquer que 19 questions demeurent sans réponses, plus de sept ans après l’adoption de la résolution 2118 ? Il y a, parmi ces questions, je le rappelle, un site de production non-déclaré sur lequel le régime n’a toujours fourni aucune explication. Dans ces conditions, il est malhonnête de prétendre, comme le font certains, que le dossier est clos. J’appelle le régime à coopérer pleinement avec l’équipe d’évaluation de la déclaration initiale qui devrait être déployée en Syrie au début du mois de février.
Deuxièmement, l’utilisation répétée d’armes chimiques par le régime contre son propre peuple est un fait incontestable. Sa culpabilité n’est plus à démontrer. Après la Ghouta, Khan Cheikhoun, la Douma, Ltamenah, combien d’autres encore ? Je le dis avec gravité, la France sera très attentive aux conclusions des prochains rapports de l’Equipe d’enquête et d’identification. Le dossier chimique demeure une priorité. C’est la raison pour laquelle la France a déposé en novembre auprès du Secrétariat technique de l’OIAC, au nom de 46 délégations issues de 4 groupes géographiques, un projet de décision afin de prendre les mesures qui s’imposent. Ce projet sera prochainement étudié par la Conférence des Etats parties. Il est temps que la Syrie se mette enfin en conformité avec ses obligations internationales.
Troisièmement, je tiens à saluer à nouveau le travail que mène l’OIAC, en toute impartialité et avec un grand professionnalisme. Ses équipes se fondent sur des méthodologies robustes et transparentes. Le Directeur général rend compte régulièrement, y compris devant ce Conseil, de l’évolution des travaux à La Haye. Je le répète : il n’y a ni complot, ni instrumentalisation, ni pression. Jeter le discrédit sur l’OIAC simplement parce qu’elle fait son travail, et je dirais même parce qu’elle fait bien son travail, c’est indigne et irresponsable. Et cela en particulier dans le contexte que nous connaissons, qui est celui de la réémergence des armes chimiques en Syrie et ailleurs.
Madame la Présidente,
La lutte contre l’impunité et l’interdiction totale de l’utilisation d’armes chimiques restent nos priorités. C’est le sens de notre mobilisation continue, notamment au sein du Partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques que nous avons lancé en 2018.
Je vous remercie.