Syrie : le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière est plus que jamais indispensable [en]

SITUATION HUMANITAIRE EN SYRIE

INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE,
REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

New York, le 23 juin 2021

Monsieur le président,

Je remercie le Secrétaire général et le Sous-secrétaire général aux affaires humanitaires pour leurs présentations. Je salue l’action de CARE Turquie, présentée par Mme Ibrahim.

La France condamne les bombardements du 12 juin qui ont touché la ville d’Afrine et l’hôpital d’al-Chifa. Son emplacement avait été communiqué aux parties dans le cadre du mécanisme de déconfliction. Ils ont fait de nombreuses victimes civiles, dont des personnels médicaux. Une nouvelle fois, nous sommes face à un crime de guerre. Nous appelons à ce que toute la lumière doit être faite sur cette attaque et que justice soit rendue.

Les hostilités se poursuivent en Syrie, comme le montrent les attaques régulièrement perpétrées par le régime sur Idlib. Tout doit être fait pour mettre en place une cessation générale des hostilités, sous supervision des Nations unies, ainsi qu’une pause humanitaire, conformément aux résolutions 2532 et 2254 et à l’appel du Secrétaire général.

Le respect du droit international humanitaire est une obligation qui s’impose à tous. La protection des civils demeure une priorité absolue.

Les besoins humanitaires et médicaux ont augmenté de 20% dans le pays depuis l’an dernier, et de 38% dans le Nord-Est. Plus de la moitié de la population syrienne est en situation d’insécurité alimentaire. L’eau manque dans le Nord-Est et risque bientôt de faire défaut sur l’ensemble du territoire. La crise économique, qui résulte de la corruption et d’une gestion désastreuse, explique aussi cette situation. La pandémie de COVID-19 a fait exploser le besoin d’aide médicale.

Toutes les parties, en particulier le régime syrien, doivent garantir un plein accès humanitaire. Le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière est plus que jamais indispensable, tant au Nord-Ouest qu’au Nord-Est.

L’aide crossline depuis Damas est loin de répondre aux besoins et ne pourra en aucun cas se substituer à l’aide transfrontalière, comme le démontre le rapport du Secrétaire général. Seule la moitié des autorisations demandées par les Nations unies est accordée par le régime. Le mécanisme transfrontalier sera nécessaire aussi longtemps que l’aide humanitaire ne parviendra pas à toutes les populations dans le besoin sur l’ensemble du territoire, sur la base de l’évaluation objective des besoins.

Or, le régime syrien ne cesse de politiser l’aide, de prendre la population syrienne en otage et d’interférer avec le travail des acteurs humanitaires.
Un renouvellement du mécanisme transfrontalier, pour douze mois au minimum, est donc fondamental comme le demandent le Secrétaire Général, les agences des Nations unies et tous les autres acteurs humanitaires.

J’appelle donc l’ensemble des membres du Conseil à faire preuve d’unité, de responsabilité et à prendre des décisions sur la base de considérations purement humanitaires. Nous avons un devoir moral : celui de sauver des vies, de contrer le risque de famine et de faciliter les campagnes de vaccination contre la COVID-19. Cela doit nous conduire à autoriser le recours à trois points de passage : Bab al Hawa et Bab al Salam au Nord-Ouest et al Yaroubiyah au Nord-Est.

Enfin, seule une solution politique conforme à la résolution 2254 permettra de mettre un terme à la tragédie humanitaire et de stabiliser durablement le pays. Notre priorité aujourd’hui est de parer à l’urgence et de répondre aux besoins humanitaires. Nous y contribuons partout dans le pays. Je rappelle que 92% des financements humanitaires annoncés pour l’année 2021 proviennent de l’Union européenne et de ses Etats membres, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, du Japon et de la Norvège.

Tant qu’un processus politique crédible ne sera pas fermement engagé, la France et l’Union européenne ne financeront pas la reconstruction. Vous connaissez enfin nos positions sur la levée des sanctions et la normalisation qui demeurent inchangées. L’instrumentalisation de la question des sanctions pour masquer la responsabilité écrasante du régime ne trompe personne.

Merci monsieur le Président./.

Dernière modification : 13/12/2021

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