Yémen : "il s’agit d’abord de rétablir la confiance" [en]
YEMEN
INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST,
REPRESENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE
AUPRES DES NATIONS UNIONS
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 22 novembre 2022
Je vous remercie Madame la Présidente.
Et je voudrais tout d’abord remercier Hans Grundberg et Reena Ghelani pour leurs exposés. Je salue également la présence parmi nous des représentants du Yémen et de l’Arabie saoudite. J’aurai pour ma part trois messages :
D’abord, le Conseil de sécurité doit tout faire pour éviter une nouvelle montée des tensions.
La rupture de la trêve, nous le savons, ne s’est pas accompagnée d’une escalade sur le terrain, ce qui est une bonne nouvelle. Mais la situation est instable, elle peut rapidement se détériorer. La France appelle par conséquent toutes les parties à la retenue et les Houthis à s’abstenir de toute nouvelle provocation, qui pourrait de nouveau faire basculer le Yémen dans un nouveau cycle de violence. Elle condamne fermement les récentes attaques terroristes menées par les Houthis contre les terminaux pétroliers dans l’Hadramaout et dans le Shabwadont l’objectif de ces attaques est d’étouffer économiquement le gouvernement yéménite.
Madame la Présidente, bien que les affrontements sur le terrain demeurent localisés, le Conseil de sécurité ne peut se satisfaire de ce statu quo. A Taez notamment, la situation est intenable et les habitants vivent quasiment coupés du monde extérieur. Il est urgent de renouveler la trêve sur le terrain, première étape vers la reprise d’un processus politique. Pour cela, il s’agit d’abord de rétablir la confiance. Et La France salue à cet égard, les gestes faits par le gouvernement du Yémen en direction des Houthis, nous appelons ces derniers à montrer des signes tangibles de leur volonté de négocier, s’agissant notamment des accès à Taez.
Madame la Présidente, l’accès humanitaire doit être amélioré.
Il est indispensable de permettre aux personnels onusiens, humanitaires de circuler sans peur d’être pris pour cible ou d’être arrêtés. Les Houthis doivent impérativement cesser leurs intimidations vis-à-vis des travailleuses humanitaires par l’imposition de tuteurs masculins. Et nous sommes également très inquiets de la volonté des Houthis d’imposer leur impôt, un impôt sur les travailleurs dans le domaine de la santé. Nous réitérons l’importance de garantir un plein accès humanitaire et de meilleures conditions de travail aux acteurs humanitaires afin qu’ils puissent venir en aide à tous les Yéménites en situation de vulnérabilité.
Nous appelons également à la libération immédiate, et sans conditions du personnel des Nations unies et du personnel humanitaire retenus par les Houthis.
Madame la Présidente, huit ans de guerre et de conflit ont laissé des traces. Et tes mines et les restes explosifs de guerre constituent un grave danger pour la population et provoquent de nombreuses victimes parmi les civils. Cela représente un défi majeur auquel il convient de remédier, notamment en continuant à financer les activités de déminage comme cela a été rappelé également en mettant en place davantage de sessions de sensibilisation aux risques des populations.
Alors que le Yémen continue de faire face à une grave crise humanitaire, les migrants, les personnes déplacées sont parmi les personnes les plus vulnérables. Et ils font notamment face à des risques plus élevés d’enlèvement, de torture, de détention d’exploitation. Et nous appelons les parties au conflit à veiller à ce que ces populations fragiles puissent bénéficier de toute l’aide dont elles ont besoin.
Il est important également de lancer rapidement la première phase du plan opérationnel de sauvetage du pétrolier SAFER, la menace d’une catastrophe écologique est toujours imminente.
Enfin la France voudrait exprimer tout son soutien à l’Envoyé spécial et à ses efforts pour relancer le processus politique
Madame la Présidente, toutes les parties prenantes doivent s’engager sans délai, de façon constructive dans un processus politique de sortie de crise. La France salue à cet égard l’engagement du gouvernement yéménite à cet égard ainsi que l’implication constructive de certains acteurs régionaux. Il est essentiel que tous ces efforts de médiation soient menés en bonne coordination avec ceux de l’Envoyé spécial.
Madame la Présidente, plus d’un mois après l’expiration de la trêve, nous constatons avec regret que pour le moment, les Houthis ne montrent aucune volonté réelle de négocier avec le gouvernement yéménite et avec l’Envoyé spécial. Et nous espérons qu’ils placeront les intérêts de la population yéménite avant les leurs et qu’ils assumeront leurs responsabilités.
Et dans ce contexte difficile, la France salue le travail de l’Envoyé spécial, et son engagement résolu à associer les femmes yéménites au processus de paix. Nous le savons, une pleine participation des femmes aux processus de paix accroît les chances de succès de ces derniers. Il est donc primordial qu’elles puissent être associées à la prise de décision concernant l’avenir de leur propre pays.
La France poursuivra son engagement aux côtés de l’Envoyé spécial pour mettre un terme à ce conflit.
Je vous remercie./.