La France condamne la politique de ségrégation contre les femmes afghanes [en]

AFGHANISTAN

INTERVENTION DE M. JAY DHARMADHIKARI,
REPRESENTANT PERMANENT ADJOINT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 18 septembre 2024

Je voudrais tout d’abord remercier la représentante spéciale du Secrétaire général, Roza Otunbayeva, la directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Sami Bahous pour leurs interventions. Je voudrais également remercier Mademoiselle Mina pour son témoignage poignant.

Madame la Présidente,

Trois ans après leur prise de pouvoir par la force, les talibans ont franchi un nouveau palier dans leur politique d’oppression systématique à l’encontre des Afghanes. Le décret nommé « sur la prévention du vice et la promotion de la vertu » interdit désormais aux femmes de prendre les transports en commun seules, les oblige à cacher leur visage. Ce décret rend illégal le son même de leur voix. Par ce nouveau décret qui s’ajoute à bien d’autres, l’objectif est clair : les talibans veulent faire disparaître les femmes de l’espace public.

La France condamne dans les termes les plus fermes cette politique de ségrégation. Ces décisions constituent une persécution fondée sur le genre, qui peut s’assimiler à un crime contre l’humanité. Ces décisions s’ajoutent aux violations quotidiennes des droits de l’Homme par les talibans qui affectent l’ensemble des Afghanes et des Afghans. Discriminations, tortures, châtiments corporels publics, et exécutions extrajudiciaires d’opposants politiques sont devenus monnaie courante en Afghanistan.

Madame la Présidente,

La situation sécuritaire est également préoccupante. Des attaques terroristes sont perpétrées presque chaque mois. Daech au Khorasan et Al-Qaida sont actifs en Afghanistan et constituent une menace importante pour la sécurité régionale et internationale. Le trafic de drogue persiste, alimenté par une augmentation de la production de drogues de synthèse.

Dans ce contexte, la France reste résolument engagée aux côtés de la populations afghane.

Depuis 2021, la France a versé plus de 160 millions d’euros d’aide humanitaire. Elle apporte un soutien concret dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire pour répondre aux besoins des Afghanes et des Afghans en s’appuyant sur des principes clairs. Elle continuera à fournir de l’aide humanitaire, sur la base du principe « par les femmes, pour les femmes ».

Madame la Présidente,

Sur le plan politique, la France soutient les initiatives de la communauté internationale visant à améliorer la situation des Afghanes et des Afghans et à favoriser la stabilité du pays. Elle prend part à ce titre au processus engagé à Doha. Mais ces initiatives doivent s’inscrire dans la continuité des principes fixés par ce Conseil, en particulier dans ses résolutions 2593 et 2681. Des obligations internationales claires ont été fixées aux talibans, en premier lieu sur les droits des femmes. Il est de notre responsabilité d’appeler à leur plein respect et à leur mise en œuvre, alors que les talibans n’ont démontré aucun progrès sur ces principes fondamentaux. Tout dialogue avec les talibans doit être ancré dans une stratégie unifiée bénéficiant à l’ensemble de la population afghane, sans distinction de genre ou d’appartenance ethnique. Le respect des droits de l’Homme doit être au cœur de ce dialogue.

Madame la Présidente,

Je voudrais renouveler le soutien de la France à la MANUA, à la représentante spéciale du SGNU, à l’ensemble des agences des Nations unies et à leurs partenaires qui agissent sur le terrain, au bénéfice de la population afghane.

Je vous remercie.

Dernière modification : 19/09/2024

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