Soudan : Il est urgent que des cessez-le-feu locaux soient décrétés [en]
SOUDAN
INTERVENTION DE M. JAY DHARMADHIKARI
REPRESENTANT PERMANENT ADJOINT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
New York, le 28 octobre 2024
Madame la Présidente,
Je voudrais remercier le Secrétaire général des Nations unies et Mme Eltigani pour leurs interventions.
Depuis plusieurs mois, le constat reste le même : la situation au Soudan est catastrophique et continue de se détériorer. M. le Secrétaire général, votre rapport publié ce mois-ci dresse à nouveau un bilan désastreux : les affrontements ont engendré la plus grande crise de déplacés internes au monde, auquel s’ajoute une crise alimentaire et une crise sanitaire, pesant aussi sur les pays voisins. Les civils, dont les femmes et les enfants, continuent d’être pris pour cible. A cet égard, la France condamne fermement les récentes attaques perpétrées contre les civils par les Forces de soutien rapide dans la Gezirah.
Nous ne devons pas nous résoudre à une telle situation. Comme le Secrétaire général le souligne dans son rapport, il est urgent que des cessez-le-feu locaux soient décrétés sans tarder dans les zones les plus affectées par le conflit. Et, au-delà, comme il le souligne également dans son rapport, un cessez-le-feu global doit être conclu, et assorti d’un processus politique inclusif associant la société civile, notamment les femmes et les jeunes soudanais, et permettre de traiter les causes profondes du conflit. Seul le dialogue peut conduire à une solution pour le Soudan. Comme nous l’avons fait lors de la Conférence de Paris en avril dernier et en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France poursuivra ses efforts en soutien des initiatives diplomatiques régionales et internationales visant à favoriser ce dialogue. Je voudrais saluer à cet égard l’action de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Lamamra.
Face à l’urgence humanitaire, il est urgent de mettre en œuvre certaines mesures :
Tout d’abord, comme demandé par la résolution 2736 adoptée le 13 juin dernier, il est impératif de lever le siège d’El Fasher et de cesser les combats dans la zone. Toutes les parties au conflit doivent assurer la protection des civils et respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire et des droits de l’Homme.
L’acheminement complet, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire dans l’ensemble du Soudan, à travers les frontières et les lignes de front, est nécessaire pour venir en aide à la population soudanaise. La France salue à ce titre la décision prise par les autorités soudanaises d’approuver la conduite d’opérations humanitaires transfrontalières depuis le Tchad vers le Darfour via la ville d’Adré. Cette décision doit être pérennisée.
La France appelle tous les États membres à s’abstenir d’armer, de financer et d’appuyer sur le plan logistique les parties au conflit, conformément aux engagements pris dans la Déclaration de principes adoptée lors de la Conférence de Paris d’avril 2024. La France salue le renouvellement à l’unanimité de l’embargo sur les armes au Darfour, en septembre dernier, et rappelle que ceux qui y contreviennent s’exposent à des sanctions, conformément à la résolution 1591 du Conseil de sécurité.
Madame la Présidente,
Le rapport du Secrétaire général met en relief la question cruciale de la protection des civils au Soudan. La France rappelle que les deux parties ont pris des engagements contenus dans la déclaration de Djeddah, qui ne sont pas respectés. Elle appelle les parties à s’y conformer et à établir conjointement un mécanisme de vérification et de suivi de leurs engagements, que les partenaires régionaux et internationaux pourront appuyer.
Face à la gravité de la situation, nous devons faire tout notre possible pour soutenir la population civile soudanaise, en envisageant tous les outils à notre disposition, en lien avec les partenaires régionaux, et notamment l’Union africaine.
Je vous remercie.