Journée internationale contre les essais nucléaires

Journée internationale contre les essais nucléaires - Intervention de M. Samer MELKI, Coordinateur politique adjoint à la Représentation permanente de la France auprès des Nations unies. - Mercredi 30 août 2017

"La seule approche réaliste du désarmement nucléaire dans ce contexte est une approche progressive, conformément au principe de sécurité non diminuée pour tous", Samel Melki, 30 août 2017.

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Monsieur le Président,

Permettez-moi avant tout de vous remercier pour la convocation de cette réunion à l’occasion de la Journée Internationale contre les Essais Nucléaires, instaurée à l’initiative du Kazakhsthan par la résolution 64/35 adoptée par l’Assemblée générale en 2009, qui reflète notre engagement collectif en faveur du désarmement nucléaire et de la sécurité internationale.

Depuis maintenant sept ans, le 29 août nous fournit l’occasion chaque année de célébrer la réalisation majeure à laquelle nous sommes parvenus lors de l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Il constitue aujourd’hui l’outil le plus robuste et le plus efficace pour détecter, vérifier et nous permettre d’universaliser l’interdiction des essais nucléaires. La France a été, avec la Grande-Bretagne, le premier Etat doté de l’arme nucléaire à l’avoir ratifié, et je salue les autres Etats qui se sont joints à ce mouvement. La France est par ailleurs le seul Etat doté à avoir entrepris le démantèlement irréversible de son centre d’essais nucléaires, effort de longue haleine qui se poursuit.

Plus de 20 ans après l’ouverture à signature du TICE, le temps presse. Il est plus que temps que tous les Etats se mobilisent pour son entrée en vigueur, c’est notre priorité. Ce n’est que par une action collective et une unité sans faille que nous parviendrons à faire respecter par tous l’interdiction des essais nucléaires. Au-delà de l’interdiction des seuls essais nucléaires, c’est l’ensemble du régime de non-prolifération et de désarmement que nous devons défendre et préserver, de manière ferme et engagée, et avec réalisme et pragmatisme.

Or, depuis l’année passée, force est de constater, comme d’autres l’ont relevé avant moi, que nous continuons, plus que jamais, d’évoluer dans un contexte stratégique incertain et complexe. En Corée du Nord, en Syrie, et ailleurs, les règles de non-prolifération et de désarmement, les plus robustes et les plus élémentaires, ont été régulièrement, et même ouvertement, bafouées. Nous en avons eu, il y a deux jours, une nouvelle démonstration à laquelle le Conseil de sécurité a réagi avec rapidité et fermeté. Au-delà des agissements des derniers mois, la Corée du Nord a annoncé vouloir poursuivre ses campagnes d’essais nucléaires, ce qui est absolument inacceptable.

La seule approche réaliste du désarmement nucléaire dans ce contexte est une approche progressive, conformément au principe de sécurité non diminuée pour tous. A ceux qui présentent l’interdiction immédiate des armes nucléaires comme un nouveau jalon historique du désarmement, il est important de rappeler la décision d’un grand nombre d’Etats, dotés, possesseurs ou non d’armes nucléaires, de ne pas participer aux négociations sur le traité, en Europe et en Asie notamment. S’agissant des essais nucléaires, il est à craindre que le Traité d’interdiction des armes nucléaires ait l’effet inverse de celui recherché, en se posant comme outil concurrent du Traité d’Interdiction Complète des Essais, et qu’il diminue la pression exercée en faveur de la poursuite des signatures et ratifications du TICE. Ceci conduirait à un affaiblissement du régime d’interdiction, dès lors que le Traité d’Interdiction des Armes nucléaires ne dispose, lui, d’aucun mécanisme de vérification.

Monsieur le Président,

La France demeure déterminée à mettre en œuvre les prochaines étapes concrètes du désarmement nucléaire, conformément à ses engagements au titre du Traité de Non-Prolifération, qui n’est pas un acquis dépassé mais le socle de toute notre sécurité. Pour la France, la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires est une priorité, de même que la prochaine étape logique du désarmement nucléaire, avec l’entrée en vigueur rapide du Traité d’Interdiction Complète des Essais, que j’ai déjà évoquée. La réduction des arsenaux nucléaires russes et américains doit être un autre objectif. Le travail engagé doit aussi se poursuivre sur la question de la vérification du désarmement nucléaire, sans lequel l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires demeurera inatteignable.

La France a maintes fois démontré son engagement pour promouvoir la sécurité de tous et entend continuer jouer un rôle déterminant dans ce sens, avec pragmatisme et réalisme. Nous poursuivrons nos efforts en faveur de la sécurité et de la stabilité internationale, y compris dans la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Et cela passe, notamment, par le maintien de notre engagement en faveur du Traité d’Interdiction Complète des Essais. Je vous remercie.

Dernière modification : 19/07/2018

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