Afghanistan : Le Conseil de sécurité doit s’assurer que les Taliban garantiront la sécurité [en]
AFGHANISTAN
INTRODUCTION D’UNE EXEMPTION HUMANITAIRE DANS LE REGIME DE SANCTIONS 1988
EXPLICATION DE VOTE PAR MME SHERAZ GASRI,
COORDINATRICE POLITIQUE DE LA MISSION PERMANENTE DE LA FRANCE AUPRES DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 22 décembre 2021
Monsieur le président,
La France a voté en faveur de la résolution 2615, parce qu’elle vise à répondre aux besoins de la population afghane, qui sont immenses.
Nous prenons toute notre part à la réponse humanitaire en Afghanistan, avec 100 millions d’euros annoncés lors de la conférence de Genève. Nous continuerons à rester mobilisés sur le front humanitaire.
Mais ce Conseil a une responsabilité : celle de s’assurer que l’aide humanitaire sera acheminée à l’ensemble des personnes dans le besoin, dans le respect des principes humanitaires, sans aucune forme de récupération par les Taliban.
Il doit également s’assurer que les Taliban garantiront la sécurité et respecteront l’ensemble de leurs obligations issues du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, y compris des femmes et des filles.
Il ne s’agit pas de restreindre ou de conditionner l’aide humanitaire. Il s’agit de faire preuve de lucidité à la lumière de décennies de lutte armée et de collusion des Taliban avec Al-Qaeda. Les Taliban doivent apporter la preuve de leur volonté de répondre aux attentes exprimées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2593. Nous ne pouvons pas les laisser tirer profit de la détresse actuelle de la population afghane.
C’est pourquoi nous estimons que c’est une erreur d’avoir retiré la limite temporelle à l’exemption humanitaire, telle qu’elle figurait dans le texte négocié en toute transparence entre les membres du Conseil de sécurité. Nous regrettons qu’une modification aussi importante sur un sujet débattu depuis plusieurs semaines ait été apportée par les États-Unis sans aucune concertation, à la dernière minute, en étant présentée comme un changement cosmétique.
La clause de révision de la résolution un an après son adoption est cruciale et le Conseil de sécurité devra réexaminer sa décision sur la base des faits.
Enfin, je tiens à préciser que cette exemption humanitaire exclut les activités de développement. Elle couvre exclusivement l’assistance humanitaire et les autres activités soutenant les besoins humains de base. Les Talibans, qui portent la responsabilité de la détérioration de cette situation humanitaire et du risque d’effondrement économique du pays, ne sauraient bénéficier de soutiens budgétaires directs.
Je vous remercie./.