"Assurer la paix et la sécurité est une condition intrinsèque du développement durable." [en]
TRANSITIONS VERS LA PAIX GRACE AU DEVELOPPEMENT
INTERVENTION DE M. OLIVIER-GABRIEL RICHARD,
MINISTRE CONSEILLER,
MISSION PERMANENTE DE LA FRANCE AUPRES DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
New York, le 22 décembre 2022
Monsieur le Président,
La France félicite le Kenya pour l’organisation de cette discussion importante sur les synergies entre développement et paix durables à l’aune de l’Agenda 2030.
Investir dans tous les aspects du développement durable contribue à assurer une paix durable. Investir dans l’éducation, les droits des femmes, la protection du climat et de la biodiversité, la santé, c’est investir pour la paix. A l’inverse, assurer la paix et la sécurité est une condition intrinsèque du développement durable. C’est pourquoi l’ensemble du système des Nations unies doit travailler de concert : le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, les organisations, les fonds et programmes ainsi que l’ensemble des partenaires au développement.
Je souhaiterais insister sur trois points :
Premièrement, la France se félicite du développement des activités de la Commission de consolidation de la paix ces dernières années. Son rôle est essentiel pour comprendre les causes d’un conflit, entendre tous les acteurs et préparer les sorties de crise sur le long terme. Sa force est de faire dialoguer ensemble les différents organes des Nations unies, les Etats, la société civile et les organisations régionales. Ses travaux permettent de promouvoir la place des femmes et des jeunes dans les processus de consolidation de la paix.
La France est convaincue que la plus-value de la Commission de consolidation de la paix réside dans l’accompagnement des contextes de transition et de post-conflit. Elle doit appuyer la préparation des retraits d’opérations de maintien de la paix en mobilisant les agences, les fonds et programmes des Nations unies et l’ensemble des partenaires au développement. Ensemble, nous pouvons aussi faire davantage pour rendre les travaux de cette Commission plus opérationnels.
Deuxièmement, les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles répondent à des défis majeurs dans des pays où les structures étatiques ont parfois disparu. Un défi important de la transition est d’encourager le renforcement du lien entre les opérations de maintien de la paix et les équipes-pays. Ce sont elles qui prennent le relais, le moment venu, pour mener des actions de consolidation de la paix, en assurant une transition vers des programmes de développement. Le développement des activités des équipes-pays doit être anticipé bien en amont des retraits d’opérations. En République démocratique du Congo, le Conseil de sécurité soutient le plan de transition en cours, qui assure une plus forte présence du PNUD dans les provinces desquelles la MONUSCO s’est retirée. Une transition efficace doit aussi être préparée en multipliant les programmes conjoints. Les agences, fonds et programmes doivent être dotés de moyens financiers pour prendre le relais des opérations de paix.
Enfin, la transition vers la paix durable passe aussi par un financement plus prévisible de la consolidation de la paix. Le Fonds de consolidation de la paix a prouvé sa capacité à catalyser les financements, à soutenir une réponse intégrée des Nations unies et à travailler avec l’ensemble des acteurs. Son action doit se poursuivre pour appuyer les sorties de crise, en priorité en Afrique. Nous sommes favorables à un financement durable et pérenne de la consolidation de la paix. C’est pourquoi la France a encore augmenté cette année sa contribution au Fonds de consolidation de la paix pour atteindre 6,5 millions de dollars et figure désormais parmi ses meilleurs contributeurs. La France a aussi lancé en 2017 le Fonds Paix et résilience Minka, doté de 200 millions d’euros par an, qui permet à l’Agence française de développement de mettre en œuvre des projets de sortie de crise au Sahel, dans les pays du bassin du lac Tchad et au Moyen-Orient.
Monsieur le Président, je vous remercie./.