Syrie : "Nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu national." [en]

SYRIE
INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST,
REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE
AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 21 décembre 2022

Merci Madame la Présidente,

Je remercie Geir Pedersen et Martin Griffiths pour leurs interventions. J’aimerais pour ma part insister sur trois points.

Premièrement, je regrette, à nouveau, l’absence de processus politique.

Alors que la situation demeure volatile, en particulier au nord de la Syrie, nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu national.

Or, le régime syrien refuse toujours de s’engager dans un processus politique tel que défini par la résolution 2254, résolution qui a été adoptée à l’unanimité de ce Conseil, je le rappelle. Le comité constitutionnel ne se réunit plus. Le régime refuse de travailler avec les Nations unies sur le sort de plus de 100.000 personnes disparues, chiffre sans précédent dans notre histoire. Et enfin, le régime ne veut pas s’engager dans le cadre de l’approche « step for step » qui est promue par l’Envoyé Spécial et que nous soutenons.

Madame la Présidente,

Les Nations unies ont largement étayé les atrocités commises par le régime en ces douze années de guerre. Le recours aux violences sexuelles est systématique, y compris sur des enfants, dans les lieux de détention du régime. La prison de Sednaya, qui se trouve en zone tenue par le régime, est un lieu connu pour les exactions qui y sont commises.

Et c’est sur la base des rapports des Nations unies et des témoignages de Syriens que l’Union européenne a adopté des sanctions ciblées qui visent les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Syrie. Elles comportent de nombreuses exemptions humanitaires afin de ne pas entraver l’acheminement de l’aide humanitaire, une aide, je le rappelle également, très largement financée par l’Union européenne et par ses Etats membres. Ensemble, ils ont mobilisé plus de 27,4 milliards de dollars depuis 2011.

C’est la raison pour laquelle, en l’absence de tout progrès sur le processus politique en Syrie, les positions françaises, comme européennes, sur la levée des sanctions, sur la normalisation, sur la reconstruction demeurent inchangées.

Deuxièmement, je souhaite rappeler la responsabilité du régime dans le drame humanitaire qui a lieu en Syrie

Madame la Présidente,

La brutalité de la répression a causé le plus grand mouvement de déplacement de population du XXIème siècle. Nombre de grandes villes syriennes ont été bombardées voire complètement détruites par le régime et ses alliés.

Les douze millions de personnes déplacées ou réfugiées aspirent à revenir en Syrie lorsque les conditions seront réunies. Aujourd’hui, nombre de réfugiés ne souhaitent pas rentrer selon le HCR par crainte de représailles, de conscription forcée ou parce que leurs biens ont été confisqués. Je rappelle que les quelques centaines de personnes qui ont fait le choix de rentrer en Syrie n’ont pu le faire sans obtenir un accord préalable du régime pour passer la frontière. Ces vérifications sécuritaires se doublent d’une rétention administrative à leur arrivée dans les lieux auxquels les Nations unies n’ont, le plus souvent, pas accès. De nombreux cas de torture, de disparitions forcées, d’exécutions ont été rapportés dans ces lieux de détention. Et face à l’ampleur des persécutions, de nombreux réfugiés de retour cherchent par conséquent à quitter de nouveau la Syrie.

Madame la Présidente,

C’est une politique délibérée d’ingénierie démographique qui se poursuit aujourd’hui. La communauté internationale ne saurait en être complice.

Troisièmement et pour conclure, seule une assistance humanitaire sous l’égide des Nations unies, conforme aux règles du droit international humanitaire, peut aider la population syrienne.

Le dernier rapport du Secrétaire général est sans appel : comme les interventions de l’Envoyé spécial et de Martin Griffiths l’ont également rappelé, les besoins sont toujours plus importants, les perspectives pour 2023 extrêmement préoccupantes. Le rapport met en lumière le caractère essentiel, vital du mécanisme transfrontalier, tant en termes de volumes d’aide déployés que pour le nombre de bénéficiaires. Cette aide est le seul moyen de survie pour plus de deux millions de Syriens chaque mois.

Madame la Présidente,

L’aide déployée à travers les lignes de front, est complémentaire, est importante mais elle ne saurait se substituer à l’aide transfrontalière.

Et comme l’a souligné le Secrétaire général, renouveler le mécanisme est donc un impératif moral.

La France souscrit entièrement à cet objectif. Cette opération mise en œuvre sous l’égide des Nations unies permet d’assurer le respect des résolutions du Conseil de sécurité qui, je le rappelle, s’impose à toutes les parties.

Je vous remercie./.

Dernière modification : 13/01/2023

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