La France condamne l’accord visant à déployer des armes nucléaires russes en Biélorussie [en]
UKRAINE
INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIÈRE,
REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
New York, le 31 mars 2023
Monsieur le Président,
La France condamne l’accord conclu entre la Russie et la Biélorussie, visant à déployer des armes nucléaires sur le territoire de la seconde.
Il s’agit-là d’un coup supplémentaire porté à l’architecture de maîtrise des armements, à la stabilité stratégique en Europe, et à la paix et la sécurité internationales. Depuis 2018, la Russie a violé le traité FNI, ce qui a directement contribué à sa disparition. Elle a suspendu sa participation au traité New Start en février dernier, et nous l’appelons à revenir sur cette décision. Elle a fait usage à plusieurs reprises d’une rhétorique nucléaire agressive et irresponsable.
En annonçant son intention de déployer des armes nucléaires à l’extérieur de ses frontières, elle contrevient à nouveau à ses engagements internationaux, en particulier au mémorandum de Budapest, et elle aggrave une situation déjà instable.
Monsieur le Président,
La France réaffirme l’importance qu’elle attache au respect de la déclaration P5 du 3 janvier 2022, endossée par le Président Poutine, sur la prévention de la guerre nucléaire et des courses aux armements. Rappelons que la Russie a réitéré cet engagement dans la déclaration conjointe signée avec la Chine le 21 mars dernier, c’est-à-dire il y a à peine plus d’une semaine, qui stipule que "tous les États dotés d’armes nucléaires devraient s’abstenir de déployer des armes nucléaires à l’étranger" – déclaration des présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping il y a 9 jours.
La Russie doit faire preuve de la responsabilité attendue d’un État doté de l’arme nucléaire. Celle-ci doit servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention. Il est inacceptable que la menace de son emploi soit utilisée par la Russie à des fins de coercition dans le cadre de sa guerre d’agression contre l’Ukraine.
La France continuera de soutenir celle-ci pour lui permettre de défendre sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Elle condamne l’utilisation du territoire biélorusse comme base arrière et rampe de lancement des frappes russes sur les infrastructures civiles d’Ukraine. Elle appelle solennellement la Biélorussie à ne pas franchir un pas supplémentaire dans l’escalade en revenant sur sa décision d’accepter le déploiement d’armes nucléaires sur son territoire.
Je vous remercie./.