Soudan : le Conseil de sécurité doit s’exprimer et rester actif [en]

SOUDAN

INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST,
REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

New York, le 22 mai 2023

Madame la Présidente,

Je remercie le Représentant spécial Volker Perthes, le commissaire Bankole Adeoye ainsi que le secrétaire exécutif de l’IGAD Workneh Gebeyehu.

J’insisterai sur cinq points.

La situation n’a cessé de se détériorer depuis le 15 avril, non seulement à Khartoum mais aussi au Darfour occidental. Nous condamnons les violences indiscriminées, qui violent le droit international et les engagements pris par les deux parties le 11 mai dernier à Djeddah. Elles ne devront pas rester impunies. La mobilisation des groupes armés selon des affiliations communautaires s’est aussi poursuivie. Nous condamnons ces développements.

Cette crise menace de déstabiliser l’ensemble de la région. Nous assistons à une augmentation massive du nombre de déplacés, de réfugiés et de personnes en situation d’insécurité alimentaire. La détermination des parties à poursuivre les combats implique que des millions de civils vont continuer d’être affectés, soit par les combats, soit par la perturbation de l’assistance humanitaire. Nous saluons l’action continue des Nations unies sur le terrain et la solidarité des pays voisins dans l’accueil des réfugiés. La France, avec ses partenaires européens, prendra toute sa part à la réponse humanitaire. Le soutien de l’Union européenne s’élève déjà à plus de 150 millions d’euros pour l’année 2023.

Nous soutenons également les efforts engagés par les acteurs régionaux, ainsi que par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. Nous saluons le cessez-le-feu qui vient d’être acté. Les parties doivent mettre en œuvre les engagements pris à Djeddah en ouvrant des couloirs humanitaires et en cessant leurs hostilités. L’ampleur de la crise exige le maintien d’une étroite coordination des partenaires internationaux, y compris avec l’Union européenne.

Madame la Présidente,

Le Conseil de sécurité doit s’exprimer. Il doit rester actif sur ce dossier. Il n’est pas acceptable qu’aucune expression du Conseil n’ait pu être adoptée depuis le premier jour du conflit. L’action du Conseil de sécurité est complémentaire des efforts régionaux que nous saluons, notamment ceux de l’Union africaine. Elle est d’autant plus nécessaire que les parties n’ont pas répondu, jusqu’à présent, à ces efforts et se sont enfermées dans la poursuite des combats.

Nous réitérons notre plein soutien à l’action des Nations unies et de la MINUATS. Nous saluons la poursuite des efforts du représentant spécial auprès des parties, en lien avec l’Union africaine et l’IGAD. Nous encourageons aussi la MINUATS à appuyer, dans la mesure du possible, l’action des forces politiques qui prônent l’apaisement, en particulier au sein de la société civile et au niveau local. Le retour à la paix ne pourra se faire sans associer l’ensemble des acteurs soudanais. Le moment venu, la société civile soudanaise devra prendre part aux discussions pour parvenir à un cessez-le-feu durable et à une résolution politique de la crise.

Je souhaite enfin ajouter un point après l’intervention de la Fédération de Russie. La Russie accuse l’Occident tantôt d’avoir imposé des choses, tantôt de ne pas avoir fait assez au Soudan. Ces réflexions sont complètement dépassées alors que le moteur du conflit est la rivalité entre deux généraux, exacerbée par des fractures internes au Soudan. La mise en place d’une armée unifiée n’a jamais été imposée de l’extérieur. Sur l’assistance financière, la France a été à l’initiative pour alléger la dette du Soudan à partir de 2019. La Russie a été le dernier pays à rejoindre cet effort en 2021. Ce processus a été suspendu après le coup d’Etat d’octobre 2021, sans remettre en cause l’aide humanitaire. Il a toujours été clair que notre assistance financière visait à appuyer la transition démocratique. Cette transition démocratique n’est pas davantage « imposée de l’extérieur », elle résulte des aspirations de la population soudanaise elle-même. L’absence de prise en compte de ces aspirations depuis le coup d’Etat de 2021 a contribué à nous mener à la crise actuelle.

Je vous remercie./.

Dernière modification : 29/11/2023

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