Afghanistan : "La situation sécuritaire demeure très préoccupante." [en]
MANUA
INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST,
REPRÉSENTANTE PERMANENTE ADJOINTE DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
CHARGEE D’AFFAIRES A.I.
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 20 décembre 2022
Je vous remercie,
Je remercie la Représentante Spéciale du Secrétaire général, Mme Roza Otunbayeva pour son intervention, ainsi que celle le Secrétaire général adjoint Martin Griffiths, et je salue la participation à cette session aujourd’hui de Mme Mahbouba Seraj. Je vous remercie.
Je souhaiterais pour ma part aborder trois points.
Tout, d’abord, la situation des droits de l’Homme qui ne cesse de se détériorer en Afghanistan.
Les femmes et les filles continuent d’être privées de leurs droits les plus fondamentaux. Elles sont systématiquement exclues de l’espace public. Et cela fait désormais 454 jours que les jeunes filles n’ont plus accès à l’école secondaire. Elles sont plus d’un million à être délibérément privées d’éducation.
Les dernières mesures édictées, telles que l’exclusion des femmes des parcs de Kaboul, des bains publics et des stades, restreignent encore un peu plus leur libertés de mouvement. Et nous sommes également très préoccupés par les informations, de ce jour, relatives à l’exclusion désormais des femmes de l’université.
Les scènes de flagellations, de lapidations, autres châtiments publics réitérés, ainsi que l’exécution publique d’un homme dans la ville de Farah, le 7 décembre, au mépris des droits les plus élémentaires, sont particulièrement choquantes. Il en est de même des restrictions apportées à la liberté d’opinion, d’expression, de réunion, toujours plus sévères.
Nous ne pouvons nous habituer à ces violations quotidiennes des droits de l’Homme, dont les Taliban sont et doivent être tenus responsables. Rappelons que la relance de l’économie du pays ne pourra se faire si les Afghanes sont privées d’éducation, de travailler et de se déplacer librement.
Deuxièmement, la situation sécuritaire demeure très préoccupante.
Nous avons vu des attentats meurtriers se multiplier en Afghanistan. Les évolutions récentes, la présence continue d’Al-Qaïda, le renforcement de Daech confirment nos craintes : ces groupes ont déjà trouvé refuge en Afghanistan.
Nous suivons aussi avec une grande attention à l’évolution de la situation en matière de drogues, qu’il s’agisse de l’opium ou des méthamphétamines, et son impact sur la sécurité régionale. Nous rappelons à cet égard le caractère essentiel de l’action de l’ONUDC, en particulier pour soutenir les voisins de l’Afghanistan.
Enfin, et ce sera mon dernier point, la France restera mobilisée aux côtés de la population afghane pour la fourniture d’aide humanitaire et pour la défense des libertés fondamentales, notamment des droits des femmes.
Les Talibans ne peuvent s’exonérer de leurs responsabilités. Il leur revient de respecter les exigences de la communauté internationale, elles sont contenues dans la résolution 2593 et dont la mise en œuvre demeure largement lettre morte. Leur respect est un préalable incontournable à toute forme de reconnaissance internationale et elle est indispensable à l’amélioration des conditions de vie du peuple afghan.
Monsieur le président,
La France reste mobilisée pour soutenir la MANUA dans la réalisation de l’ensemble de son mandat, pour soutenir les femmes, les hommes qui travaillent aux côtés du peuple afghan, en particulier pour la défense des droits de l’Homme, pour répondre aux besoins élémentaires de la population.
La France demeure engagée pour la fourniture d’aide humanitaire. A titre national, nous avons déboursé, depuis le mois d’août 2021, une aide de 123,5 millions d’euros, dont les projets sont actuellement en cours de déploiement, ainsi qu’une aide exceptionnelle supplémentaire de 100 000 euros aux victimes des intempéries. Nous continuons d’apporter notre soutien à l’Institut médical de la Mère et l’Enfant de Kaboul. Et l’Union européenne a aussi, avec ses Etats membres, réuni plus d’un milliard d’euros début 2022 et 520 millions d’euros supplémentaires au mois de mars dernier.
Nous resterons mobilisés pour aider le peuple afghan, et pour préserver le cadre d’action de la MANUA.
Je vous remercie./.