La France est très préoccupée par la situation au Mali [en]

MALI

INTERVENTION DE M. NICOLAS DE RIVIERE,
REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SECURITE

New York, le 7 avril 2022

Monsieur le Président,

Je remercie le Représentant spécial du Secrétaire Général et Madame Samaké pour leurs exposés.

La France est très préoccupée par la situation au Mali. Les violences se multiplient contre les civils au centre du pays depuis le début de l’année, en toute impunité. On fait état de violations des droits de l’Homme par des éléments des forces armées maliennes accompagnées de mercenaires russes du groupe Wagner. La France, l’Union européenne et les pays de la CEDEAO avaient exprimé leurs inquiétudes dès le mois de décembre dernier, lors du déploiement de Wagner.

Je pense en particulier aux exactions qui auraient causé la mort de centaines de civils dans le village de Moura. La France présente ses condoléances aux familles des victimes et appelle à ce que des enquêtes nationales et internationales soient rapidement ouvertes. Ceci permettra de poursuivre en justice les auteurs de ces faits, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre. La France a pris note de l’ouverture d’une enquête par le procureur de Mopti. Elle restera attentive aux suites qui y seront données. Il est essentiel que la MINUSMA puisse mener sa propre enquête, sans entrave et en toute indépendance, pour établir les faits et faire rapport à ce Conseil. En outre, il est indispensable que la MINUSMA utilise l’ensemble des moyens à sa disposition pour protéger les civils. Nous appelons les autorités maliennes à garantir la liberté de circulation de la mission.

La lutte contre le terrorisme ne peut en effet réussir que si elle est soutenue par la population. Elle ne saurait justifier des violences indiscriminées contre les civils, qui ne font que renforcer les groupes terroristes. Nous observons à ce titre avec inquiétude l’offensive menée depuis le début de l’année par l’État islamique au Grand Sahara dans la zone des Trois Frontières.

Cette dégradation de la situation sécuritaire intervient alors que la guerre menée par la Russie en Ukraine vient aggraver une situation alimentaire déjà critique. Nous réaffirmons notre solidarité envers le peuple malien et les populations du Sahel.

Monsieur le Président,

Les mois qui viennent seront cruciaux pour le Mali. La France appelle les autorités de transition à se concentrer sur trois objectifs. Le premier est la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger. En tant que membre de la médiation internationale, nous considérons qu’il s’agit, encore aujourd’hui, de la réponse adéquate pour apaiser durablement les relations entre les groupes armés signataires et les autorités de Bamako. Or, aucun progrès n’a été réalisé depuis plusieurs mois. Un sursaut est nécessaire. Le deuxième objectif consiste à proposer une stratégie concrète pour traiter la crise au Centre et protéger les civils. Là encore, des résultats sont attendus. Enfin, le dernier objectif, c’est la finalisation de la transition politique et le retour à l’ordre constitutionnel. La France espère un accord rapide entre le Mali et la CEDEAO pour organiser des élections dans les meilleurs délais. Elle soutient les efforts de la CEDEAO. Elle condamne par ailleurs les atteintes aux libertés publiques, qui ne font que tendre davantage le climat politique.

Pour atteindre ces trois objectifs, la MINUSMA reste nécessaire. Plus de trente pays y contribuent, dans des conditions extrêmement rudes. Nous leur rendons hommage. La France compte sur les membres de ce Conseil pour renouveler le mandat de la mission, d’ici trois mois.

De son côté, elle a décidé de mettre fin à son engagement militaire au Mali. C’est une décision que nous avons prise en concertation avec les pays sahéliens et voisins, ainsi que les partenaires internationaux. Cependant, nous entendons maintenir un appui à la MINUSMA. Nous poursuivrons aussi notre aide humanitaire et au développement au bénéfice direct de la population malienne. La France restera, par ailleurs, engagée dans lutte contre le terrorisme dans la région sahélienne et elle examine un renforcement de son appui aux pays du Golfe de Guinée. Elle reviendra vers ce Conseil prochainement avec de plus amples détails.

Je vous remercie Monsieur le Président./.

Dernière modification : 14/12/2022

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