"Nous sommes très préoccupés par la persistance des violences envers les femmes" [en]
AFGHANISTAN
INTERVENTION DE MME NATHALIE BROADHURST
AMBASSADRICE, REPRESENTANTE PERMANENTE ADJOINTE
AU CONSEIL DE SECURITE
New York, le 27 septembre 2022
Je voudrais remercier M. Potzel, Mme Waly et Mme Koofi pour leurs interventions édifiantes.
Je souhaiterais pour ma part aborder trois points.
Tout d’abord, les droits de l’Homme, et en particulier les droits des femmes et des enfants.
Ces droits sont bafoués par les Taliban, ils sont piétinés au plus grand mépris des engagements qui ont été pris.
Les femmes et les filles subissent de plein fouet les décrets par lesquels les Taliban entendent régir tous les aspects de leur vie quotidienne, les privant de leurs droits et libertés les plus fondamentaux.
Nous sommes très préoccupés par la persistance des violences envers les femmes, par leur exclusion de la vie publique, par l’imposition du port du voile intégral, par les restrictions apportées à leur accès aux services publics, à l’enseignement secondaire, au monde économique et à la plupart des postes, y compris dans l’administration.
Nous sommes aussi préoccupés par le déni de justice dont elles font l’objet, par la hausse des taux de mariages forcés, y compris d’enfants, par les restrictions apportées aux libertés de manifestation pacifique, par les arrestations, les mauvais traitements, et les détentions arbitraires.
Cette répression protéiforme frappe également les enfants, particulièrement vulnérables.
Nous demandons la fin de l’impunité pour les auteurs de telles violations et la mise en œuvre des recommandations de la MANUA sur les droits de l’Homme. Il ne pourra y avoir de redressement de l’Afghanistan, y compris sur le plan économique, sans la pleine participation des femmes et des filles à ces processus.
Deuxièmement, nous constatons depuis plusieurs mois que la situation sécuritaire demeure extrêmement précaire.
Sur le front de la lutte contre le terrorisme, Daech au Khorassan poursuit ses attaques. Et le groupe a démontré sa capacité à frapper de nouvelles provinces, et à s’attaquer tant aux civils qu’aux emprises diplomatiques. De surcroît, les liens des Taliban avec Al-Qaïda n’ont manifestement pas été rompus, contrairement aux exigences clairement exprimées par ce Conseil.
Le trafic de drogue, nous l’avons vu, reste un facteur déstabilisateur aux niveaux régional mais également au niveau international. L’Afghanistan demeure l’un des trois pays qui concentrent plus de 95% de la culture du pavot à l’opium dans le monde. Le trafic de méthamphétamine fabriquée en Afghanistan continue par ailleurs de se développer. Et nous ne voyons aucun signal concret d’évolution de la situation.
Enfin, la France ne ferme pas les yeux sur la situation humanitaire toujours préoccupante.
La France a décaissé plus de 120 millions d’euros d’aide humanitaire depuis le mois d’août dernier. Nous avons également apporté une aide d’urgence aux victimes des inondations et du séisme intervenu au mois de juin. Nous participons au financement de l’action de l’Union européenne, qui a mobilisé avec ses Etats membres plus d’un milliard d’euros au cours de l’année écoulée au bénéfice de l’Afghanistan. Alors que des tentatives d’ingérence des Talibans dans la délivrance de l’aide humanitaire sont rapportées, nous continuons à exiger l’accès complet, sans entrave de toute la population à cette aide qui leur est destinée.
Les Taliban n’ont donné aucun signe de prise en compte des besoins et des attentes de leur propre population. Et la communauté internationale est prête à travailler avec l’Afghanistan, nous le savons mais à certaines conditions non-négociables, dont le respect continuera à être évalué sur la base de leurs actions.
Les termes de la résolution 2593 du Conseil de sécurité ne sauraient être plus clairs, sur les engagements qui ne peuvent en aucun cas être monnayés ou passés au second plan. L’heure n’est pas à rabaisser nos exigences ou à octroyer des concessions financières unilatérales aux Taliban.
La France réitère son plein soutien à la population afghane, ainsi qu’à sa pleine coopération avec les Nations unies, en particulier la MANUA, dont je voudrais ici saluer l’action remarquable, indispensable sur le terrain./.