FISNUA : le processus politique n’avance pas suffisamment.
FISNUA
Intervention de Mme Anne Gueguen, représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations unies
Conseil de sécurité - 30 avril 2019
Merci Monsieur le Président,
C’est un plaisir d’accueillir M. Parfait Onanga à la table du Conseil dans ses nouvelles d’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique. Je lui souhaite plein succès dans sa mission d’accompagnement des efforts de paix un contexte de profonds changements dans la région et dont j’espère qu’ils conduiront à une paix durable et à des conditions de vie meilleures et plus justes pour tous. Je le remercie ainsi que le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, pour leurs exposés toujours précis et éclairants.
Je vais revenir brièvement sur deux points d’attention particulière pour ma délégation.
1/ Le premier point, c’est que le processus politique malheureusement n’avance pas suffisamment.
La France regrette l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’accord de 2011 sur la zone d’Abyei, comme l’ont rappelé nos deux intervenants. Dans son dernier rapport, le Secrétaire général appelle les parties à relancer le processus politique, afin que la question Abyei ne rejoigne pas la longue des conflits gelés. Nous partageons cette inquiétude et appelons les parties à mettre en œuvre sans tarder leurs engagements.
Nous le savons tous, la seule présence de la FISNUA ne suffira pas à régler la question d’Abyei. Seul l’engagement sincère et déterminé des deux parties à régler leurs différends, bien sûr avec le soutien de l’Union africaine et celui des Nations unies, permettra d’avancer vers une solution durable. A cette fin, la mise en place du service de police d’Abyei et la réunion du comité de supervision conjoint constituent des étapes indispensables à atteindre. Je souhaiterais à cet égard poser une question à nos intervenants sur les perspectives sur ce point.
Le statu quo politique n’est pas une fatalité. Nous avons vu ces derniers mois que l’attention exigeante de ce conseil avait permis d’obtenir des avancées encourageantes sur la démarcation de la frontière. Les évolutions politiques au Soudan représentent une opportunité à saisir pour inciter les parties à relancer le processus politique entre elles.
2/ Le deuxième point d’attention concerne la reconfiguration de la FISNUA qui doit se poursuivre.
Les recommandations formulées par le Secrétaire général dans sa lettre du 20 août dernier et dans son dernier rapport donnent une bonne base pour reconfigurer la mission.
La France est favorable à un renforcement supplémentaire de la composante police de la FISNUA, pour faire face au défi de la criminalité, notamment sur le marché d’Amiet. Ces forces de police ont également vocation à prévenir l’escalade des tensions inter-communautaires que l’on observe, et qui bien souvent s’enracinent dans le vol de bétail. Je regrette à cet égard que l’unité de police jordanienne, qui devait être déployée, n’ait pas pu l’être faute de délivrance de visas. La France appelle les autorités soudanaises à tout faire pour faciliter la mise en œuvre de la résolution 2445 dans les meilleurs délais.
Nous pensons qu’il est également important de renforcer la composante civile de la mission, en déployant une section politique et en nommant un civil au poste d’adjoint au chef de mission. Un tel changement permettrait à la FISNUA de mieux prévenir les conflits locaux et de renforcer la coopération avec le groupe de travail de haut niveau de l’Union africaine. La France est en effet favorable à ce que la FISNUA soutienne plus activement le processus politique, sans se substituer au panel de haut niveau de l’Union africaine, qui a tout notre soutien.
Nous sommes également favorables à un ajustement des effectifs militaires et nous pensons qu’une baisse modérée des effectifs globaux peut être envisagée sans nuire à l’efficacité de la mission.
Je voudrais, pour conclure, saluer le travail des troupes éthiopiennes, qui permettent, au quotidien, de stabiliser la situation à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud. Je vous remercie.